Sous couvert de démarche participative, la Direction générale des immeubles et du patrimoine (DGIP) du canton de Vaud met à l’enquête sans modification son projet pour le Tribunal cantonal à l’Hermitage

La Direction générale des immeubles et du patrimoine du Canton de Vaud (ci-après DGIP) vient d’annoncer la mise à l’enquête du projet d’agrandissement du Tribunal cantonal, se vantant d’une démarche participative « avec les autorités politiques et les représentants du patrimoine et de l’environnement ». Toutefois, les Vert-e-s lausannois·es sont surpris·es de cette annonce qui ne fait aucune mention des revendications formulées lors des discussions intervenues avec la DGIP. La volonté des Vert-e-s lausannois·es était de préserver le site de l’Hermitage et de proposer des solutions concrètes pour améliorer l’intégration du bâtiment dans le paysage et limiter son impact environnemental, tout en assurant la réunion de toutes les cours du Tribunal cantonal sur un même site. Force est de constater que la DGIP a continué dans sa démarche unilatérale en fonçant tête baissée dans le projet prévu, sans prendre en compte les revendications environnementales et paysagères.
Les Vert·e·s lausannois·es comprennent et soutiennent la volonté d’unir les différentes Cours du Tribunal cantonal en un seul espace, permettant ainsi une meilleure collaboration interne et un meilleur échange de compétences et de connaissances, ainsi qu’une rationalisation des ressources. Il est indispensable que cette unification se fasse enfin, alors qu’elle est réclamée par les magistrats depuis de nombreuses années. Toutefois, ce projet ne doit pas porter atteinte à la campagne de l’Hermitage ou à son paysage, parmi les plus chers aux Lausannoises et Lausannois. Les Vert·e·s lausannois·es avaient déjà exprimé cette volonté il y a près d’une année lorsque le projet lauréat du concours d’architecture avait été présenté, sans résultats à ce jour.
La campagne de l’Hermitage fait partie des parcs les plus appréciés de la Ville (et peut-être même du Canton), auquel tou·te·s les habitant·e·s sont attaché·e·s non seulement pour son espace de détente, de loisir, son écrin de verdure, mais aussi (et surtout) pour son dégagement sur le paysage alentour, sans comparaison avec d’autres lieux de la Ville. Or, le projet retenu par le Conseil d’Etat vaudois pour l’extension du Tribunal cantonal, soit un bâtiment de deux étages plus haut que le bâtiment existant, et s’avançant au sud-est sur l’angle de la parcelle, va obstruer une part importante de ce dégagement et de la campagne, pourtant retenus à l’inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS) et dans le recensement des parcs et jardins historiques de la Suisse (ICOMOS). Le concours s’est dans un premier temps développé sans consultation de la Ville ou des riverains, ce qui est déjà en soi regrettable. Mais ilsemble en avoir été de même pour la suite de la procédure, au vu du projet présenté hier par la DGIP, qui n’a pas évolué depuis la présentation de juillet 2019.
En effet, si des rencontres ont bien été réalisées, elles ne semblent pas avoir abouti à la moindre évolution par rapport au projet présenté en juillet 2019. Suite à la seconde rencontre avec les autorités cantonales, les Vert·e·s lausannois·es avaient transmis leur étonnement à la DGIP de ne pas avoir vu d’évolution significative du projet. En plus de revenir sur la problématique liée au choix du site de l’Hermitage, les Vert-e-s lausannois·es avaient proposé des solutions pragmatiques pour réduire l’impact du bâtiment. Entraient dans les possibilités celles d’ajouter un étage à l’avant du bâtiment existant (comme le Canton l’a fait à la Riponne) pour diminuer la nouvelle « tour » d’un ou deux étages, la végétalisation des toitures et façades du bâtiment existant, ou la couverture totale de sa toiture par des panneaux solaires. Finalement, il était demandé d’améliorer la desserte en transports publics et pour la mobilité douce au vu de l’augmentation du personnel et des utilisateurs à venir. L’ensemble de ces demandes semblent avoir été ignorées quand bien même la DGIP se targue d’« échanges avec les autorités politiques et les représentants du patrimoine et de l’environnement ».
Cela aboutit à un projet qui ne s’intègre pas dans le paysage et dans l’un des espaces verts et de dégagement les plus importants de la Ville. Nous ne pouvons que regretter cette attitude non collaborative et non participative de la DGIP qui a conduit à un projet qui sera probablement fortement combattu par les voisins et acteurs locaux. Des recours et donc des retards sont à prévoir, ce que l’on aurait pu anticiper et éviter en menant une consultation sérieuse et adéquate avec la Ville et ses habitantes et habitants. Les Vert·e·s lausannois·es déposeront dans tous les cas une opposition pour faire valoir leurs arguments connus depuis longtemps de la DGIP afin de préserver ce site recensé à l’inventaire ISOS et ICOMOS.