Les pro nucléaires français répètent à qui veulent l’entendre que l’Allemagne aurait réalisé sa sortie du nucléaire aux dépens du climat en redémarrant ses centrales à charbon.

Or un simple regard aux données officielles allemandes montre que le développement massif des énergies renouvelables allemandes a plus que compensé la sortie du nucléaire, permettant un bilan climatique largement positif.

Le modèle nucléaire français serait une réussite et donc celui à suivre pour les autres États européens.

Les «fissures de corrosion» décelées sur les nombreux réacteurs français, à l’arrêt tout l’hiver, nécessitent des chantiers colossaux et coûteux. S’il a pu prétendre à ce rôle par le passé, le nucléaire hexagonal n’est plus un recours pour les pays voisins : la France est devenue un importateur net d’électricité.

L’ingénieur français Jean-Marc Jancovici, reconverti en auteur de BD, critique le bilan environnemental des nouvelles énergies renouvelables en affirmant qu’il serait mauvais.

Même si son agenda personnel est plus qu’opaque et difficile à comprendre, de nombreux expert-e-s ont démonté l’argumentation tirée par les cheveux de Jean-Marc Jancovici. Il a d’ailleurs dû adapter son propre discours à plusieurs reprises.

En Suisse, l’UDC a combattu la loi climat en prétendant qu’elle serait truffée d’interdictions insensées et de nouvelles taxes anti-sociales.

Un coup d’oeil au texte de la loi climat montre qu’il ne contient aucunement les mots interdiction ou taxe, mais bien un solide programme d’investissements pour remplacer les chauffages qui fonctionnent aux énergies fossiles.

Comme moi, vous l’aurez noté: le débat public sur l’énergie n’échappe pas au glissement généralisé et contient lui aussi son lot de contre-vérités. Mêlant des notions scientifiques pointues, s’appuyant sur les structures complexes des géants de l’énergie et dépendant d’un marché économique européen, voire mondial, aux enjeux ardus, il n’est pas simple de comprendre les tenants et les aboutissants du domaine de l’énergie. D’autant plus quand on fait partie des personnes engagées en faveur de la transition énergétique et qu’on veut faire bouger ce lourd paquebot, en reprendre le gouvernail.

Longtemps réservé à un petit cercle de spécialistes, la question énergétique est heureusement désormais enfin devenue un enjeu débattu largement dans la société. Encore plus depuis l’agression russe contre l’Ukraine et ses conséquences sur l’énergie et la situation économique mondiale. Cela a aussi mené à une prolifération des contre-vérités, notamment à propos du nucléaire et des énergies renouvelables. En plus de malmener le débat public, elles empêchent une véritable prise en mains démocratique, pourtant indispensable, des enjeux autour de l’énergie.

Les conséquences de l’agression russe en Ukraine ont mis en évidence la précarité de notre politique énergétique : infrastructures nucléaires chères et fréquemment en panne, géants de l’énergie davantage portés sur les profits à court terme que sur la planification – nous avions d’ailleurs alerté sur l’importance stratégique de préserver les réserves hydroélectriques en hiver ; faible soutien et chicanes au développement du solaire, lacunes des formations et reconversions professionnelles dans les métiers de l’énergie et du bâtiment.

L’élection du nouveau conseiller fédéral en charge de l’énergie ne devrait pas permettre d’accélérer la transition énergétique. Pour les VERT-E-S et tous les écologistes de ce pays, cette année électorale s’annonce par conséquent essentielle pour avancer vers nos buts historiques : sortie programmée du nucléaire, sobriété énergétique et développement des énergies renouvelables.

Les modèles sont là. Tout comme les réussites. Une majorité écologiste à Berne nous permettra d’aider à développer, partout en Suisse, les modèles énergétiques lausannois et genevois (SiL et SIG) : diminution massive des gaspillages, réduction de la consommation, approvisionnement électrique durable, développement des énergies renouvelables, démocratisation et prise en mains par les citoyen-ne-s. C’est l’enjeu des prochaines années.

Pour cela, il est fondamental de remettre en question le fonctionnement du marché de l’énergie et de s’engager pour une reprise en mains citoyennes de la production d’électricité. Pour qu’elle soit décentralisée, moins dépendante des aléas du marché et qu’elle assume l’impact environnemental et paysager d’une production au plus près de la population. L’engagement des citoyennes et citoyens sera indispensable pour réussir à développer l’énergie solaire de façon exponentielle, afin de couvrir l’ensemble des toits adaptés du pays et réussir à développer un système énergétique résilient et efficient : zéro nucléaire et zéro fossiles.