Postulat : Pour une stratégie municipale de gestion des marchandises cohérente, compatible avec une ville dynamique et agréable à vivre

La Ville de Lausanne se piétonnise et sa mobilité se transforme pour favoriser les transports doux ou transports publics. De nombreux secteurs sont donc progressivement réaffectés vers des rues passantes, vivantes et souvent commerçantes. Simultanément, les moyens de livraison «durables» via le train sont progressivement démantelés ou abandonnés pour des raisons économiques (historiquement Ouchy-Ficelle, LEB, plateforme ferroviaire du Flon, Rasude puis Sébeillon). Que ce soit pour des commerces de détail ou d’alimentation, de nombreux véhicules de livraison circulent à travers l’agglomération jusque dans les rues piétonnes, soit pour livrer directement les commerces depuis le trottoir, soit sur des quais de déchargement. Ces véhicules sont d’un gabarit de plus en plus imposant allant jusqu’au poids-lourd, et l’absence de coordination entre les différents commerces aboutit à des trajets à vide ou des véhicules partiellement remplis. Des accidents surviennent parfois (rue de la Mercerie) et la cohabitation est parfois difficile entre piétons, mobilité douce, habitants, sans compter les nuisances autour des quais de déchargement, parfois mal aménagés ou mal situés. S’y ajoutent plus récemment, avec l’émergence du commerce en ligne et la libéralisation du transport postal des colis, la multiplication des acteurs de livraison à domicile, et de ce fait la multiplication des tournées de livraison, créant de fâcheuses redondances.

Étonnamment,
aucune étude ou planification du Projet d’agglomération
Lausanne-Morges (PALM) ne se penche sur l’aspect du fret routier ou
ferroviaire, ni de l’approvisionnement de la région en produits
manufacturés ou alimentaires. Pourtant, le Plan des mesures OPair
2018 de l’agglomération Lausanne-Morges préconise la réalisation
d’une analyse globale des transports de marchandise et défini
notamment deux mesures associées, « Analyse du transport
logistique » (LO-1) et « Réduction des nuisances du
transport logistique » (LO-2). De plus, le Grand Conseil
vaudois a accepté l’an dernier l’exposé des motifs et projet de
décret (EMPD) « accordant au Conseil d’Etat un crédit
d’étude de CHF 1’400’000 pour financer l’élaboration de la
stratégie cantonale du transport de marchandises ».

Alors
que la motorisation de ces véhicules est actuellement très
majoritairement thermique, cette source de pollution atmosphérique
et sonore, et les conflits d’usage de l’espace public (tant sur
la route, en bord de route ou dans les zones piétonnes) pourraient
être réduits, pour le bénéfice des habitantes et habitants de
Lausanne, ceci sans impacter négativement les commerces du
Centre-Ville. Plusieurs pistes sont possibles, comme par exemple une
collaboration public-privée permettant de gérer de manière
efficiente un système de transbordement péri-urbain des
marchandises vers des véhicules plus petits, plus propres et surtout
mieux utilisés (remplis à l’aller comme au retour, évitant les
redondances).

D’autres
alternatives pourraient à l’avenir être envisagées, comme
l’usage nocturne de la future ligne de tram pour le passage de
marchandises jusqu’au centre-ville, ou encore la réaffectation de
certains sites de fret ferroviaire, comme les halles de Sébeillon
dont les rails vont être conservés malgré les installation
provisoires qui y sont prévues.

En vue de développer
une stratégie municipale de gestion des marchandises, de manière
concertée avec le PALM et le Canton, ce postulat demande à la
Municipalité d’examiner l’opportunité de :

  • Quantifier
    les impacts de cette activité de transports en termes d’émissions
    de gaz à effet de serre, de particules fines, de bruit, de sécurité
    et d’occupation de la voirie ;
  • Consulter les
    associations de commerçants et les acteurs économiques générateurs
    de mouvements de fret entrants et sortants de l’agglomération ;
  • Faire un état
    de la situation du trafic de fret ferrovaire et des plate-formes
    d’échange rail-route de la région lausannoise ;
  • Faire un état
    de la situation du trafic de fret routier à travers la Ville, de et
    jusqu’aux points de livraison ;
  • Faire un état
    de la situation du trafic de livraison directe à domicile (Amazon,
    Zalando, DPD, TNT, La Poste, etc) ;
  • Établir une
    stratégie de réduction des impacts, en collaboration avec les
    acteurs économiques pré-cités.

Benjamin Rudaz