Postulat

Le rapport-préavis sur la « Politique sociale de la vieillesse » (no 2013/06) citait un extrait du rapport « Politique cantonale Vieillissement et santé »:[1]
 » Les proches aidants jouent un rôle majeur dans le maintien des personnes à domicile des personnes âgées, en particulier dépendantes. La politique du maintien à domicile vaudoise ne saurait être réalisée sans leur apport précieux. Or ce rôle d’aidant peut avoir des conséquences négatives sur leur propre santé ou leur vie professionnelle et sociale ».
Le 17 mars 2016, les Services de la Santé publique et des Assurances sociales et de l’hébergement invitaient tous les acteurs des soins et de l’aide à domicile à participer à des Assises de l’aide et des soins dans la communauté, d’où il ressort les informations suivantes.
Selon les projections du Canton pour les 24 prochaines années, on devrait assister à un doublement de la population des personnes âgées de plus de 75 ans dans le canton (de 58’000 aujourd’hui à 118’000).[2]  Si une vision politique de maintien à domicile n’est pas repensé et ajusté pour faire face à ce contexte en changement rapide, il faudra de nombreux lits d’EMS (3000). La facture prévisible serait de 50 millions pour les communes.
Actuellement, chaque année, la Ville de Lausanne verse des dédommagements au canton comme participation à l’Association vaudoise d’aide et de soins à domicile (AVASAD). Les comptes 2015 (préavis 2016/30) font état de Fr. 11’293’000.-
Le maintien à domicile de personnes âgées, d’enfants et de personnes malades ou accidentées, de personnes handicapées ne sauraient exister sans l’apport des proches dans leur prise en charge.
Certains, qui épaulent un proche atteint dans son autonomie ou sa santé, consacrent jusqu’à 50 heures par semaine voire plus dans ces tâches d’assistance.
Les répercussions économiques de cette aide sont considérables pour la société.
Même en bénéficiant d’aide, les proches aidants atteignent tôt ou tard leur limite.
Bien que des hommes soient souvent des proches aidants (ex. conjoint, fils)  ce sont avant tout les femmes qui assument à une forte majorité le rôle de proche aidant, tout en exerçant une activité professionnelle. C’est pourquoi, devant l’ampleur de la tâche, beaucoup réduisent leur temps de travail voire abandonnent leur emploi. Cette situation a des répercussions importantes pour elles, notamment au niveau des pertes de cotisations sociales. Des répercussions se manifestent aussi au niveau de la santé (prise de médicaments, dépression, visites fréquentes chez le médecin etc). On parle alors de « patients cachés » qui une fois libérés de leur charge, tombent souvent malades.
Ce qui semble admis, c’est qu’un proche aidant sur trois est atteint dans sa santé avant de demander de l’aide.
Si la Confédération souhaite (programme global « Santé 2020 »)[3] améliorer la situation des proches aidants en créant notamment des bases légales pour améliorer la sécurité juridique en cas d’absences au travail pendant une courte durée ou introduire un congé d’assistance, l’objectif est également de sensibiliser les entreprises et communes à cette thématique.
Le Canton de Vaud a introduit la possibilité pour les collaborateurs et collaboratrices de bénéficier de congés pour les proches aidants jusqu’à concurrence de 12 jours par an, pour accompagner un proche atteint dans sa santé ou son autonomie (directive technique 35.09).
La commune de Lausanne, en tant qu’employeur, devrait être en mesure de prendre en compte les problèmes rencontrés par des proches aidants, qui se trouvent certainement parmi ses employés.
Ce postulat demande à la Municipalité:

  • de mettre à la disposition des employés des informations générales sur les aides financières qu’ils peuvent solliciter et les offres de décharge dont ils peuvent bénéficier dans leur commune ( par ex.association de proches aidants)
  • d’aménager des conditions de travail pour les proches aidants qui le sollicite (par ex. horaire flexible, possibilité de s’absenter ponctuellement)
  • d’étudier la possibilité d’octroyer quelques jours de congé non payés aux collaboratrices et collaborateurs qui accompagnent  un proche atteint dans sa santé ou son autonomie.

 Sylvianne Bergmann
 
Lausanne, le 11 juin 2016
 
 
 
 
 
 
 
[1] Source: rapport Politique cantonale Vieillissement et santé. Canton de Vaud, 12 janvier 2012
[2] D’après Statistique Vaud, la part des personnes âgées resterait stable dans la Ville de Lausanne
[3] Soutien aux proches aidants-Rapport du Conseil fédéral- 5 décembre 2014