Les
mouvements syndicaux consacrent cette année le 1er mai
aux revendications féministes. C’est l’occasion de rappeler ici
que nous vivons en 2019 une double mobilisation : une grève
féministe et une grève climatique. Ces deux thématiques sont liées
de manière intrinsèque.

Les
femmes vont être les victimes directes, majoritairement et avec
violence des catastrophes climatiques à venir. Parce qu’elles
sont, partout et encore aujourd’hui, minorisées, discriminées,
appauvries, violentées par un système qui ancre son pouvoir sur
leur exploitation : le patriarcat. Il est donc indispensable de
lier émancipation féminine, égalité entre les sexes et protection
du climat.

En
Suisse tout d’abord, parce que les femmes vivent plus souvent dans
la précarité et pourront donc plus difficilement se prémunir face
aux catastrophes climatiques et sanitaires. Par exemple il est plus
complexe pour ces femmes de déménager dans les cas où leur lieu de
vie représente soudain un danger (inondation, insalubrité, etc) ou
de payer de nouveaux soins pour elle-même ou l’entourage dont
elles s’occupent (allergies, cancers, etc..). Parce que selon vous
qui sera en charge de protéger les enfants des aliments pollués ou
des nouveaux dangers comme les tiques ? Et qui sera en charge de
s’occuper des personnes âgées durant les vagues de grande chaleur
qui ne vont qu’augmenter ? Les femmes ! Parce que ce sont
les femmes qui supportent aujourd’hui encore maintenant la majorité
du travail de soin non rémunéré, offert à une société bien peu
reconnaissante.

Ailleurs,
le problème de l’impact climatique sur la condition féminine se
pose encore dans d’autre terme. Dans certains pays, ce sont par
exemple les femmes qui assurent l’approvisionnement de la famille
en eau, en bois de chauffage, en nourriture, qu’il faudra aller
chercher encore plus loin, dans des contrées encore plus hostiles.
Et nous portons une lourde part de responsabilité, car l’impact
climatique de la Suisse se ressent plus à l’étranger qu’à
l’intérieur des frontières helvétiques. Grands consommateurs de
produits importés, nous produisons en effet la majorité de nos
émissions de gaz à effet de serre hors du pays.

Convergence
des grèves

La convergence des
luttes climatiques et féministes à travers les grèves qui
s’annoncent sont donc les meilleurs moyens pour défendre le
climat, la (bio)diversité et pour parvenir enfin à l’égalité
effective entre les femmes et les hommes. C’est pour cela que la
grève des femmes appelle aussi à une grève de la consommation le
14 juin : ne pas nourrir le système ni donner de travail aux
femmes à qui la grève est interdite, en évitant de faire les
courses, d’aller chez la coiffeuse ou chez tous les professionnels
qui emploient des secrétaires et assistantes, pas de baby-sitter ni
de femme de ménage.

Les mobilisations
qui s’organisent cette année, pour le climat et pour l’égalité,
ont de plus un but et un destin communs. Fondamentaux, les manifestes
portés par ces mouvements sont déjà relayés auprès des élu.e.s.
Mais ces revendications ne sont pas entendues par la majorité
de droite qui domine notre Parlement!

Des
mobilisations citoyennes sont donc indispensables pour faire pression
sur les majorités politiques. Pressions qui fonctionnent : même
le PLR semble ébranlé par les exigences des grévistes, et se donne
un grand coup de peinture verte. À vérifier en juin déjà, lors du
second débat autour de la loi sur le C02.

La grève du 14 juin est quant à elle une journée spéciale. En 1991, les Suissesses avaient obtenu la loi sur l’égalité. En 2019, nous espérons obtenir des vrais changements politiques et sociétaux. Et pourquoi pas mener à une profonde remise en question de cette société qui exploite nature et humains, en particulier les femmes.
Léonore Porchet