Si je vous dis: 1057 milliards de CHF d’actifs en 2021, investissement dans le pétrole et le gaz, institution suisse, pas de transparence et pas de plan climat. Vous pensez à qui?

Et oui, c’est notre banque centrale, notre chère Banque nationale suisse (BNS). 

En tant qu’institution de droit public, le mandat de la BNS demande que la banque mène une politique monétaire servant les intérêts généraux du pays. Il est évident que la lutte contre le réchauffement climatique doit en faire partie.

A la place, la BNS continue d’investir dans des entreprises actives dans le pétrole ou le gaz comme ExxonMobil et Chevron.

Dans son dernier rapport de gestion, la BNS se dédouane de l’impact structurel de sa politique d’investissement et nie sa responsabilité d’agir: “En ce qui concerne la gestion des actifs, il convient de tenir compte du fait que le constituant et le législateur ont sciemment renoncé à confier à la BNS la tâche d’influer sur l’évolution de branches économiques déterminées. La politique de placement de la BNS ne saurait donc avoir pour but de mener une politique structurelle, c’est-à-dire de procéder à une sélection positive ou négative de certaines branches dans le but de les soutenir ou de les pénaliser, ou d’entraver ou de promouvoir une mutation économique, politique ou sociétale.”

Et pourtant, le dernier rapport du GIEC est clair: les flux financiers ont un rôle essentiel à jouer pour atteindre la neutralité carbone et il est urgent de désinvestir complètement des entreprises actives dans les énergies fossiles. Nous devons agir maintenant pour limiter le réchauffement à 1.5°C. 

L’Etat de Vaud, en tant que quatrième actionnaire de la BNS avec 3,40% des actions a un rôle important à jouer. En 2021, le Grand Conseil vaudois a soutenu la résolution du député Vert Vassilis Venizelos demandant plus de transparence de la BNS dans la gestion des risques liés au climat. A l’époque déjà, la réponse de la BNS avait été plus qu’insatisfaisante. Cette année encore, les Vert·e·s ont rappelé cette résolution en demandant que la question des risques des investissements climaticides soit de nouveau traitée à l’Assemblée Générale de 2022. Malheureusement, le Conseil d’Etat vaudois a raté sa chance de faire évoluer la politique de la BNS le 29 avril dernier lors de la 114ème assemblée générale.

Nous voulons plus de transparence et un plan concret pour respecter les accords de Paris. Nous demandons concrètement à la BNS de:

  • mettre en place des publications semestrielles de toutes ses positions d’investissement, ainsi que des émissions de gaz à effet de serre résultant de ces placements
  • communiquer sur sa stratégie d’investissement afin de respecter la trajectoire de 1,5 degré et les objectifs de biodiversité tels que définis par les accords de Paris
  • désinvestir complètement d’ici à la fin de l’année des entreprises qui tirent plus de 5 % de leurs revenus de l’extraction, du commerce ou de la vente de charbon, de gaz et de pétrole, ainsi que de la déforestation.

Finalement, nous demandons également au Conseil d’Etat et institutions publiques vaudoises qui composent son actionnariat de s’engager activement afin que la BNS mette un terme à ses investissements écocides.

Il n’est plus possible de se renvoyer la balle pour tenter de gagner du temps et continuer le “business as usual”. Il est temps d’agir et d’investir dans notre avenir.

Pierangelo Rothenbühler et Kiri Santer

pour Divest BNS Vaud