Interpellation urgente

L’année 2020 est à marquer d’une pierre blanche dans le domaine de l’hébergement d’urgence à Lausanne. Jamais autant de places n’auront été mises à disposition par la Ville en faveur des personnes les plus démunies. Les mesures prises par la Ville de concert avec les acteurs-trices de la solidarité sont à saluer et ne sont du reste contestées par personne. Cette politique sociale et conséquente aura permis d’éviter le pire, soit une flambée du virus au sein du système d’hébergement d’urgence.

Cette interpellation intervient maintenant car plusieurs fermetures ont eu lieu récemment ou se rapprochent. Le Répit (environ 100 places) a fermé le 30 avril dernier, l’Etape (environ 50 places) le 17 mai, Montolieu (environ 50 places) fermera le 31 mai. Cela représenterait environ 200 places. Après une période où le nombre de places s’est avéré à la hauteur des besoins, ces fermetures ont de quoi susciter inquiétude et interrogations.

À cela s’ajoute la fin des prêts à usage dans le bâtiment du Simplon au 15 juin prochain. Une centaine de personnes personnes y logent. Comme en témoigne les personnes qui y vivent et les associations engagées, ces contrats provisoires ont permis à de nombreuses personnes de retrouver de la stabilité et/ou de ne pas se retrouver à la rue.

Les éléments qui précèdent poussent les interpellateurs-trices à poser les questions suivantes à la Municipalité :

1.    Comment la Municipalité analyse-t-elle l’évolution actuelle du nombre de places disponibles dans les différents hébergements d’urgence ? Ne craint-elle pas de voir de nombreuses personnes ne plus trouver de places où passer la nuit ?

2.    La Municipalité a-t-elle prévu de rencontrer l’ensemble des acteurs-trices du domaine afin de mieux analyser la situation et y apporter à temps les réponses appropriés ?

3.    L’été étant une période compliquée au vu du petit nombre de structures ouvertes et la solidarité moins présente qu’en hiver, des mesures spécifiques sont-elles prévues pour aider les personnes précarisées lors de la saison estivale ?

4.    Les enseignements de l’année 2020 et les bons retours des acteurs de la solidarité poussent-ils la Municipalité à envisager une augmentation sensible et pérenne du nombre de places en hébergements d’urgence dès l’hiver 2021-2022 ? Une augmentation du budget qui y est dévolu est-elle à l’ordre du jour ?

5.    Concernant le Simplon, quelles sont les informations dont dispose la Municipalité pour analyser la situation (situations des personnes concernées, associations) ?

6.    La Municipalité est-elle déjà entrée en contact avec l’ALJF ou l’association Sleep-In, structures qui bénéficient des prêts à usage, afin de venir en aide rapidement aux personnes dont la fin des contrats approche à grands pas ?

7.    La Municipalité a-t-elle recensé l’ensemble des logements vides, privés ou lui appartenant, pouvant faire l’objet de prêts à usage ? Cas échéant est-elle prête ou fait-elle déjà office d’intermédiaire auprès de privés pour les rendre possible ?

8.    La Municipalité a-t-elle déjà pris connaissance de l’étude réalisée par l’HETSL (« Le projet du Simplon, un logement provisoire pour des personnes sans abri à Lausanne ») qui sera présentée demain et comment l’analyse-t-elle ?

9.    Le système de « logement d’abord » (Housing first), très développé dans certains pays, est-il envisagé par la Municipalité comme une piste complémentaire de sa politique de logement et de l’hébergement d’urgence pour réellement contribuer à ce qu’un maximum de personnes sortent de la précarité ?