Débat sur l’interpellation du 15 février Risque-t-on de voir le sous-sol lausannois s’effondrer ?

Intervention

Je souhaite tout d’abord remercier la Municipalité pour ses réponses.

Les réponses apportées par la Municipalité, bien que certaines fois un peu vagues (j’y reviendrai), se veulent pour la plupart rassurantes, même si on décèle nombres d’inconnues concernant les risques d’exploitation du gaz de schiste en Suisse et plus précisément aux alentours de Lausanne. Et dans un contexte où l’on est amenés à se prononcer sur la stratégie énergétique 2050, où un parti s’auto-définissant comme écologique n’hésite pas à s’allier pour l’élection au Conseil d’Etat avec un parti qui se positionne contre cette stratégie énergétique, et où l’écologie politique est toujours plus sur le devant de la scène et dans l’intérêt de la population, il est important de se poser les bonnes questions.
Je reviendrai rapidement sur quelques éléments des réponses de la Municipalité qui vont dans le sens des préoccupations de mon groupe concernant les extractions d’hydrocarbures et notamment du gaz de schiste. Je remercie la Municipalité pour sa prise de position claire quant au projet de loi sur les ressources naturelles du sous-sol, qui est toujours dans les tiroirs du Conseil d’Etat. En effet la Municipalité pointe, comme l’ont fait les Verts, le risque de laisser au seul Conseil d’Etat la compétence de prononcer ou de lever un moratoire sur le gaz de schiste… et alors qu’on ne sait pas quelle couleur politique ce Conseil aura lors de la prochaine législature. D’autant plus sur ces questions écologiques fondamentales, cela pourrait avoir des conséquences graves.
Pour ceux qui se demandent ce qu’est le gaz de schiste, je conseille la lecture du rapport du Conseil fédéral sur la fracturation hydraulique du 19 mars 2017 (https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/47435.pdf). Ce rapport, sorti deux semaines après la réponse de la Municipalité, ne fait que confirmer les risques liés à l’extraction de gaz par le biais de la méthode de la fracturation hydraulique, tel que le gaz de schiste.
En effet cette fracturation consiste, et je lis le rapport du Conseil fédéral « à fissurer la roche peu perméable en la soumettant à une forte pression, en vue de créer un accès aux ressources énergétiques. Pour cela, un fluide de fracturation est injecté à haute pression dans le réservoir ou le gisement par un puits de forage. Ce fluide élargit les fissures naturelles de la roche ou en crée de nouvelles. Pour la mise en valeur des ressources gazières et pétrolières non conventionnelles, on utilise un mélange composé d’environ 99 % d’eau et de sable siliceux, et de 1 % d’additifs chimiques ». Lorsque l’on sait que c’est plusieurs centaines de mètres cubes qui sont injectés, ce pourcent d’additifs chimiques constitue une quantité importante qui est purement et simplement déversés dans notre sous-sol et nos nappes phréatiques.
Le principal risques liés à cette extraction, toujours selon le Conseil fédéral est justement « est la contamination des eaux souterraines et superficielles par les additifs utilisés tout au long du processus et par les substances polluantes (reflux) qui se libèrent du sous-sol ».
Sans compter en plus l’émission de gaz à effet de serre et les risques sismiques élevés, puisque l’on va creuser relativement profondément sous nos pieds pour extraire ces hydrocarbures.
Le Conseil fédéral conclu donc notamment qu’il « mène une politique visant à remplacer les agents énergétiques fossiles par des énergies renouvelables et à améliorer l’efficacité énergétique. Il désapprouve une utilisation accrue des énergies fossiles, car cela irait à l’encontre de la protection de l’équilibre climatique et de la Stratégie énergétique 2050 ».
Ce sont principalement pour ces deux raisons, soit les risques importants et l’impact écologique des hydrocarbures et de leur extraction, que les Verts ont décidé de lancer leur initiative, pour une interdiction d’extraction d’hydrocarbures dans le canton de Vaud. Ce sont également pour ces deux raisons que j’ai déposé cette interpellation, compte tenu des risques potentiels auxquels la Commune de Lausanne doit faire face, ainsi que le rôle que peuvent jouer les services industriels dans ce domaine.
Dès lors, bien que je remercie la Municipalité pour la rapidité de sa réponse, mais elle a peut-être été un peu trop rapide. En effet, deux semaines plus tard le Conseil fédéral rendait son rapport sur la fracturation hydraulique en Suisse, qui se veut relativement claire. Bien que le Conseil fédéral reconnaisse la compétence des cantons dans ce domaine, il se prononce clairement sur cette question, puisqu’il conclut que « Pour des raisons de politique climatique et énergétique, le Conseil fédéral ne soutient toutefois pas le recours à la fracturation hydraulique en lien avec la mise en valeur des hydrocarbures. ».
Avant de requérir des précisions sur les réponses de la Municipalité, j’aurais donc aimé connaître sa prise de position en lien avec ce rapport et si celui-ci modifiait ses réponses, notamment quant aux risques de pollution des eaux souterraines et superficielles, dans une zones très dépendante de ces eaux tel que l’est Lausanne.
La Municipalité pourrait ainsi peut-être clarifier sa position quant à sa réponse à la question n° 1, où elle semble quelque peu botter en touche et ne répond pas précisément à la question des risques indirects que pourraient avoir l’extraction d’hydrocarbures dans le Canton, notamment sur la contamination des eaux souterraine pour la Ville de Lausanne.
Une deuxième précision serait souhaitable, en rapport avec la question n° 3, puisque la Municipalité indique qu’il n’y a pas de risques de voir des extractions d’hydrocarbures sur la Commune de Lausanne, mais elle indique tout de même que des lignes sismiques y ont été explorées, notamment dans les zones foraines, et les promoteurs gaziers indiquent qu’il y a bien du gaz de schiste sous le territoire cantonal et communal (http://www.seag-erdgas.ch/lagerstaetten_unkonventionell/?lang=fr). Dès lors, comment peut-on être sûr que ce sous-sol ne soit jamais exploité, par exemple dans les zones foraines ?
Pour répondre à la défiance, tant de la Municipalité que du Conseil fédéral vis-à-vis des énergies fossiles, je souhaite donc déposer la résolution suivante :

Le Conseil communal souhaite que la Municipalité diminue autant que possible le recours aux énergies fossiles dans les domaines d’activité des Services industriels, et accroisse la part des énergies renouvelables, notamment dans le chauffage à distance, ainsi que dans la fourniture de gaz (par exemple par du gaz produit à partir de la biomasse).

Résolution acceptée par une large majorité du Conseil communal.
Xavier Company