Interpellation

Fabian Cancellera, Didier Cuche, Sergei Aschwanden, Roger Federer, Stanislas Wawrinka, Mujinga Kambundji , Léa Sprunger, Julien Wanders, Dario Cologna, Sélina Gasparin, Lara Gut, Wendy Holdener ou Timea Bacsinszky, Granit Xhaka, Xherdan Shaqiri, Thabo Sefolasha, Clint Capella, Andy Schmidt, et Nikola Portner sont des sportives et sportifs qui nous mettent des étoiles dans les yeux. Ils, elles, sont des ambassadeurs-rices, de notre pays, leur image rayonne à travers le monde et par leur intermédiaire, la Suisse, ses paysages, sa culture, sa précision et sa rigueur.

Mais
qu’en est-il de leur relève ? Comment faire émerger des
talents ? Les problématiques et les solutions sont connues :
des sports-études dignes de ce nom, l’amélioration de la
formation pour les entraîneur.e.s, la mise en place d’un
environnement propice au sport d’élite dans les écoles et les
hautes-écoles, les entreprises formatrices (apprenti-e-s) et chez
les employeurs (formations
sport-études dans la voie académique, dans la voie dite de culture
générale ou encore dans la voie duale),
le soutien des centres d’entraînements régionaux, l’attribution
de moyens financiers aux athlètes, la mise en place d’une
prévoyance professionnelle pour les sportifs.

Au
préalable, il faut rappeler que le contexte actuel de soutien au
sport d’élite et de la promotion de la relève est lacunaire. Le
système sport-étude vaudois doit être revu, notons qu’il a très
peu évolué depuis 1989. L’offre doit notamment être élargie et
décentralisée pour permettre une plus large fréquentation. Les
programmes doivent être plus individualisés pour mieux répondre
aux besoins spécifiques des athlètes et ce autant dans la filière
de l’école obligatoire que post-obligatoire. Les élèves n’ayant
pas la possibilité d’intégrer la filière sport-études devraient
aussi faire l’objet de soutiens spécifiques. Par ailleurs, le
système devrait permettre aux élèves en sport-études de redoubler
en cas de nécessité, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Sachant que la relève des sportives et des sportifs dépend des
entraîneur.e.s et de l’encadrement, le canton de Vaud devrait se
donner les moyens de soutenir la formation de ceux-ci en partenariat
avec les fédérations. Un plan d’encadrement médical – prévention
des blessures, lutte contre le dopage, nutrition – devrait voir le
jour. Le sport d’élite féminin mériterait clairement d’être
développé.

Le
soutien financier direct des athlètes doit être clairement
renforcé. La réalité financière des jeunes champion.ne.s locaux
qui régatent parmi l’élite est précaire.

A
ce niveau d’excellence, une solide prise en charge de la part des
autorités pourrait être attendue, afin qu’ils puissent se
concentrer sur ce qu’ils font de mieux, à savoir leur métier, et
pour réaliser leurs rêves mondiaux et olympiques. Ce n’est pas le
cas, beaucoup doivent travailler à côté ou obtiennent quelques
soutiens de leurs familles. La recherche de sponsors est souvent
vaine, ceux-ci préférant donner leur nom à un nouveau stade de
football ou une nouvelle patinoire ou à des sportifs ayant déjà
une couverture médiatique grâce à leurs bons résultats.

Le
canton de Vaud devrait parer à cette problématique et faire un
usage élargi de l’article 7, al 3 de la LEPS qui précise que
l’Etat peut soutenir le sport d’élite.

Parce
que la commission du Grand Conseil chargée d’analyser le texte de
la motion, alors transformée en postulat, en a élargi la portée,
la réponse au postulat Philippe Martinet et consorts : « Pour
un engagement cantonal en faveur des secteurs de formation du
Lausanne Hockey Club et du Lausanne Sport » contient une vision
plus large sur le soutien actuel au sport d’élite et à la relève
dans le canton de Vaud. Pourtant, elle ne contient pas le « concept
cantonal du sport d’élite et de la promotion de la relève »
sollicitée par la commission mentionnée. Elle en décline quelques
futures mesures. Celles-ci appellent à des questionnements relayés
par la présente interpellation.

  • Dans
    quel délai le Conseil d’Etat sera-t-il en mesure de transmettre
    le concept annoncé ?
  • Est-ce
    qu’une réforme du système sport-études est envisagée ?
  • Pourquoi
    le canton de Vaud ne compte-t-il aucune école labellisée par
    Swiss-Olympic ?
  • Comment
    la collaboration est-elle envisagée entre le DFJC et le DEIS ?
  • Compte
    tenu des difficultés pour les sportifs d’élite pour financer
    leurs activités, le Conseil d’Etat prévoit-il de leur apporter
    un soutien financier direct ?
  • Les
    investissements annoncés dans les infrastructures (EMPD 34,
    Novembre 2017, Crédit-cadre de CHF 22’057’500) impliquent
    en parallèle, une participation du budget de fonctionnement du
    SEPS. Une compensation est-elle prévue pour ne pas diminuer les
    budgets de cette entité, qui servent, notamment à soutenir
    indirectement le sport-élite (formation des entraîneurs,
    formation continue et relève cantonale) ?

La tenue des JOJ2020 de Lausanne, du 9 au 20 janvier 2020 prochain mobilise de grandes ressources, rassemble des compétences élevées et met en lumière l’importance du sport d’élite. Le Conseil d’Etat devrait saisir cette occasion pour donner appui aux premières mesures du concept qu’il a déjà annoncé. Les interpellateurs-trices le remercient déjà pour ses réponses.

Séverine Evéquoz