Interpellation

Coup de tonnerre pour la grande majorité des Vaudoises et Vaudois le 15 novembre 2023. Sans ouvrir de consultation, le Conseil d’Etat modifie le règlement de la loi pour la préservation et la promotion du parc locatif (LPPPL). Même la commission paritaire en matière de bail n’a pas été dûment informée. Le gouvernement restreint le droit des communes à acquérir un bien-fonds en priorité, pour en faire des logements d’utilité publique (LUP). En déclarant dans son communiqué empêcher l’adjudication de gré à gré, il entrave le financement de communes et de villes, qui entendent mettre à disposition des appartements abordables.

Sous l’emprise de milieux immobiliers – d’autant plus agressifs que le peuple a rejeté leur référendum en février 2017 – le Conseil d’Etat péjore la situation des locataires au pire moment. Les loyers flambent en effet à la suite des hausses du taux de référence hypothécaire. Les charges explosent sous l’effet de pénuries énergétiques, en s’ajoutant à l’inflation générale et aux primes-maladie qui bondissent. Dans le droit du bail sur le plan fédéral, le lobby immobilier vient d’imposer des résiliations facilitées, contre lesquelles deux référendums sont en cours. Les assainissements des immeubles font craindre l’augmentation accrue des loyers.

Le caractère unilatéral de la révision du règlement sur le parc locatif alarme sept personnes sur dix, qui louent leur habitation dans le canton. Nous posons dès lors les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  • Pourquoi ne pas avoir consulté les organisations intéressées sur une révision d’une telle portée entravant la mise à disposition de logements abordables ?
  • Alors que le Conseil d’Etat souligne dans son communiqué la nécessité de fonds propres mais admet à l’inverse le recours à l’emprunt ou à un autre financement externe dans sa réponse 22_REP_192 à l’interpellation « Respect de l’esprit ou de la lettre de la LPPPL », comment une commune moyenne peut-elle se porter acquéreur dans les 40 jours sur le plan financier?
  • Comment le Canton entend-il soutenir désormais le financement des communes qui désirent instaurer des LUP pour étudiant-e-s, adaptés pour senior-e-s, à loyer modéré ou à loyer abordable ?
  • L’évaluation de la loi sur le parc locatif et son adaptation éventuelle, promise par le PL 22-27, seront-elles conduites avec la même partialité ?
  • Comment l’Etat souhaite-t-il associer et consulter les organisations intéressées avant toute nouvelle révision de la LPPPL ou de son règlement ?