Les médias sont l’un des secteurs les plus durement touchés par la crise du COVID-19. Ils sont pourtant un élément crucial du bon fonctionnement de notre démocratie. Après le dépôt de bilan du Régional, et pour éviter que d’autres médias ne disparaissent également bientôt en raison de la chute des revenus publicitaires et la difficile passe qui s’annonce avec l’été, le député Raphaël Mahaim a déposé une motion, signée par des représentants de plusieurs groupes politiques, demandant une aide urgente à la presse, calibrée sur les besoins spécifiques de ce secteur. Une information diversifiée et indépendante n’a jamais été autant nécessaire : elle doit survivre à la crise !

La crise du covid-19 a durement frappé le secteur des médias. Certains ont perdu plus de 50% de leurs revenus publicitaires. Cela semble d’autant plus paradoxal que les médias ont joué durant la crise un rôle d’information absolument central. Alors que nous n’avons jamais autant eu besoin d’une presse forte et diversifiée, elle se meurt.

Certes, divers projets d’aide à la presse sont en discussion au niveau fédéral ou cantonal. Mais il ne s’agit que d’aides indirectes et ils ne sont pas suffisants dans le contexte très difficile, n’étant pas destinés à régler les problèmes de trésorerie des médias heurtés de plein fouet par la crise. Ainsi, s’il existe un bon projet vaudois d’exposé des motifs et projet de décret instituant des mesures en faveur de la diversité des médias datant de décembre 2019, les mesures prévues à l’art. 3 doivent se déployer sur 5 ans, ce qui est bien trop lent. Entre-temps, la crise a frappé et demande donc une réponse adaptée. Les mécanismes de la RHT et du chômage partiel sont, quant à eux, inadaptés ou insuffisants car il était bien souvent impossible de se passer de la force de travail des employé-e-s en cette période de forte production médiatique et les soutiens obtenus par le RHT ne comblent que de façon incomplète les baisses des revenus publicitaires. Enfin, l’aide de transition fédérale mettra bien trop de temps à déployer ses effets. Et il sera trop tard pour de nombreux médias locaux et régionaux qui s’attendent, notamment, à une chute massive des rentrées publicitaires cet été, en raison de tous les évènements culturels, associatifs, musicaux, etc., annulés.

Pour préserver la diversité de la presse, fondement de la démocratie, une aide financière cantonale directe, à fonds perdus, s’avère indispensable. Cette aide devrait servir à combler de façon transitoire les pertes de revenus publicitaires qui ne sont pas absorbées par les autres dispositifs d’aides (baisse des frais postaux de distribution, RHT, etc.). Le canton de Fribourg est d’ores et déjà allé dans ce sens avec une aide de 5.4 millions en faveur des médias fribourgeois. Les médias vaudois doivent aussi être aidés.

La motion déposée a été renvoyée à une commission parlementaire ce jour, très certainement à la commission qui traite déjà actuellement le projet vaudois d’aide indirecte à la presse. Le financement de ce crédit pourrait être assuré par les montants alloués par le Conseil d’État pour financer les mesures adoptées dans le cadre de la lutte contre la pandémie du COVID-19.