Alors que les pesticides infiltrent de plus en plus les eaux souterraines, c’est notre eau potable qui est maintenant menacée.  Plusieurs herbicides et fongicides dépassent nettement les normes et c’est toute la question du système d’encadrement, de mesures et de prévention qui se pose. Un plan d’action pour éviter ces pollutions est urgemment nécessaire, ainsi que des mesures efficaces pour s’assurer de sa mise en œuvre. Les Vert∙e∙s vaudois∙es déposent donc aujourd’hui au Parlement vaudois sous la plume de Léonore Porchet et de Felix Stürner deux interventions allant dans ce sens.

Les pesticides de synthèse ne sont pas biodégradables. Une fois dans la
nature, ils sont toxiques et se caractérisent également par leur persistance
dans l’environnement, ce qui les rend d’autant plus dangereux. Alors que de
plus en plus d’études montrent leurs risques pour la santé humaine (notamment cancérigènes),
l’épandage chaque année d’avril à fin août de dizaines de ces substances sur
nos cultures est de moins en moins anodin.

Si le glyphosate sera désormais heureusement interdit sur toutes les
surfaces entretenues par le Canton de Vaud, cela ne concerne qu’une infime part
de l’ensemble des terres agricoles et il n’en va pas de même des innombrables
autres substances dangereuses qui continuent à être utilisées dans
l’agriculture. 300 pesticides de synthèse sont en effet toujours autorisés en
Suisse. Les résultats du dernier rapport de l’OFEV[1] portant sur une
quarantaine de ces substances révèlent une pollution préoccupante pour notre
santé dans 80% de notre eau potable provenant des eaux souterraines où
finissent ces substances et leurs produits de dégradation (métabolites). En outre, entre 2007 et
2016, plus de 50% des stations de mesures ont relevé la présence de plusieurs
d’entre elles. Enfin, 20% des stations présentent des taux de métabolites
supérieurs aux limites fixées. Dans les régions soumises à une activité
agricole intensive, ce taux grimpe à 65%.

La parution de ce rapport a été relayée par la presse le 15 août dernier,
réalimentant les inquiétudes au sujet de l’exposition aux résidus de substances
toxiques que sont les pesticides de synthèse et des risques réels encourus par
la population. En particulier l’herbicide Chloridazone (interdit en Europe
depuis 2018) et le fongicide Chlorothalonil étaient pointés
du doigt. La valeur maximale acceptable a notamment été largement dépassée pour
ce dernier lors de mesures récentes à Moudon.

Mais au-delà des valeurs limites dépassées pour certaines de ces
substances se pose la question des normes en vigueurs qui ne prennent en
considération ni l’effet cocktail, ni l’exposition chronique, ni l’impact
spécifique des perturbateurs endocriniens sur la population et la biodiversité.
Ces concepts étant bien connus des scientifiques depuis deux décennies, l’adage
           « c’est la dose qui fait le
poison » est obsolète. C’est pourtant bien sur celui-ci que se base toujours et
encore ce système, dès lors lui aussi obsolète.

Si depuis cet été le Conseil d’Etat dispose d’un plan d’action visant à
réduire l’utilisation du glyphosate, il apparaît dès lors clairement qu’il ne
s’agit là que de la pointe de l’Iceberg. Dans le contexte du prochain scrutin
des deux initiatives  « Eau propre » et «
Une Suisse sans pesticides de synthèse », les Vert∙e∙s demandent aujourd’hui au
Conseil d’État d’établir un rapport établissant son plan d’action pour répondre
aux risques importants pour la santé humaine, animale et pour l’environnement
que représentent ces différents produits toxiques.

Ce rapport devra notamment clarifier les responsabilités, préciser le
type d’analyse que le Canton peut effectuer et il devra surtout présenter les
mesures prévues par le Conseil d’État pour endiguer cette pollution qui menace
les êtres humains et leur environnement. Les priorités d’actions qui pourraient
être mises en œuvre devront y être spécifiées.


 

[1] État et évolution des eaux
souterraines en Suisse (OFEV, 2019)