Interpellation

L’autoroute
A1 entre Genève et Lausanne fut la première mise en service en
Suisse, afin d’acheminer les visiteurs vers l’exposition nationale de
1964 aux bords du Léman. Aujourd’hui encore, elle façonne le
paysage du sud de la ville de Lausanne. Le tronçon A1a qui relie
Crissier à la Maladière est aujourd’hui un des seuls cas
d’autoroute en cul de sac dans notre pays, soit d’entrée royale au
cœur d’une ville importante avec le lot de nuisance que cela
implique.

En
termes de circulation tout d’abord, cela amène un grand nombre de
véhicules dans une zone densément peuplée, avec des conséquences
négatives directes sur la santé des habitantes et habitants par la
pollution et le bruit impliqués. Cet accès direct au centre-ville
de Lausanne peut par contre aussi être perçu positivement par le
fait qu’il permet d’amener rapidement les véhicules sur une voie
autoroutière, d’une façon pouvant alléger la circulation de
transit dans les quartiers d’habitation.

Sous
l’angle des infrastructures concernées ensuite, la qualification
autoroutière du tronçon A1a impose des constructions de grande
envergure et empêche une utilisation multimodale impliquant
également les transports publics, les cyclistes et les piétons. Les
« coupures » du tronçon sont par ailleurs impossibles,
limitant ainsi les intersections possibles avec les routes alentours
et provoquant un effet de coupure dans les zones concernées.

Enfin,
en termes d’urbanisme de la région, l’autoroute est connue de
tout-e-s les habitant-e-s comme l’obstacle à franchir lorsque l’on
se meut dans l’Ouest lausannois. Cela est d’autant plus vrai pour la
Commune de Chavannes dont le territoire est souvent décrit comme
« coupé en deux » par l’ouvrage routier. Des frais
importants sont fréquemment engagés pour prévoir des passerelles
et reconnecter l’Ouest lausannois.

La
thématique d’une requalification du tronçon A1a a déjà été
discutée et examinée à plusieurs reprises – à chaque fois sans
aller jusqu’au bout du processus. Tel a d’abord été le cas
durant la première partie des années 2000, à l’échelle du
Schéma Directeur de l’Ouest Lausannois. Ensuite, cette
requalification a également été examinée lors de l’élaboration
du Plan OPair 2005 en tant que mesure
visant
à limiter la pollution atmosphérique provenant des transports de
personnes1,
puis encore lors de l’élaboration du PALM. Récemment, une
pétition de citoyens de Chavannes demandait également le
déclassement de cette route afin d’améliorer l’urbanisme de cette
commune et la qualité de vie de ses habitant-e-s. Enfin,
dernièrement, une conférence organisée par l’Association Transport
Environnement (ATE) Vaud a remis cette idée sur la table, en
invitant notamment Mme la Présidente du Conseil d’Etat Nuria Gorrite
et le directeur de l’Office fédéral des routes (OFROU) M. Jürg
Röthlisberger.

L’OFROU
ayant mis à l’enquête au mois de novembre 2018 la construction de
nouvelles jonctions autoroutières portant notamment sur le tronçon
A1a, les éventuels changements qui y seraient apportés doivent être
(ré)examinés au plus vite. Parmi les alternatives au maintien et au
développement du tronçon A1a en tant qu’autoroute, l’éventualité
de sa requalification en « boulevard urbain » doit aussi
être prise en compte. Les avantages d’une telle requalification,
qui peut revêtir différents habits possibles (notamment route
nationale ou cantonale), emporteraient entre autres une accessibilité
aux transports publics et à la mobilité douce et une réunion du
bâti urbain.

Lors
de la Conférence citée plus haut, la Conseillère d’Etat Nura
Gorrite a reconnu que le projet de l’OFROU n’était plus en ligne
avec la situation actuelle, dont les préoccupations de la
population. Elle a indiqué notamment que des discussions étaient en
cours avec l’OFROU en vue de repenser les jonctions, en particulier
celle devant prendre place à Chavannes-près-Renens.

Enfin,
il faut ajouter que la requalification de l’autoroute permettrait de
nouvelles réflexions quant aux utilisations alternatives possibles
de la place autour de l’autoroute actuelle. En effet, de nombreux
quartiers sont prévus dans les environs (notamment l’éco-quartier
des Prés-de-Vidy) et les usages urbanistiques sont limités en
raison de la qualification de la route en autoroute. Une
requalification ouvre ainsi un champ important de possibles.

Pour
toutes ces raisons nous posons les questions suivantes au Conseil
d’Etat :

  1. Est-ce que
    le Conseil d’Etat a étudié la possibilité de transformer l’A1a en
    boulevard urbain, y compris au sujet des conséquences en termes
    d’utilisation par les autres moyens de transports (transports
    publics, mobilité douce, etc.) ?
  2. Si oui,
    quels avantages en découlent en matière de transports publics dans
    la mesure d’une ouverture du tronçon A1a à ces transports ?
  3. Quelles
    variantes ont été analysées dans ce cadre, notamment entre la
    possibilité de qualifier ce tronçon en route cantonale ou de le
    laisser en mains fédérales, en catégorie 3 ?
  4. Le Conseil
    d’Etat a-t-il déjà entamé des discussions avec les communes
    concernées quant à l’avenir de cette autoroute afin d’établir les
    volontés de chacun ?
  5. Quelles
    discussions le Conseil d’Etat a-t-il eu avec l’OFROU afin de revoir
    le projet actuel de sorties d’autoroute à Chavannes, y incluant les
    négociations pour la requalification de l’autoroute ?
  6. Dans le
    cadre de ces discussions, la possibilité d’abandonner le projet
    de jonctions autoroutières a-t-elle été évoquée et considérée ?

Nous remercions d’avance le Conseil d’Etat pour ses réponses.

Rebecca Joly