Intervention personnelle

Je voudrais, par la présente intervention, remercier le Bureau du Grand Conseil de la mesure prise il y a dix jours d’ouvrir une salle d’allaitement au sein de notre Parlement. En effet, de telles mesures favorisant la conciliation des fonctions de mère et de parlementaire sont essentielles aujourd’hui à une plus grande place des femmes en politique, mais manquent encore cruellement.

Aujourd’hui
encore, devenir mère est un handicap dans le milieu du travail. De
récentes statistiques montrent qu’une femme sur dix est licenciée
au retour de son congé maternité. Même si elle peut conserver son
emploi, encore trop peu d’entreprises permettent aux mères qui le
désirent d’allaiter leur enfant, soit en ne leur donnant pas leur
pause d’allaitement pourtant garantie par la loi, soit en ne leur
laissant pas d’espace adéquat à cet effet. Un postulat, déposé
par notre collègue Carine Carvalho, qui demande simplement une
meilleure information des employeurs, est d’ailleurs en cours de
traitement.

En
cette année de grève des femmes, un geste tel que celui du Bureau
est le bienvenu. La place des femmes dans la sphère politique et
dans celle du travail fait encore l’objet de résistances, d’autant
plus lorsqu’elles deviennent mères. Il n’est pas évident, encore
moins facile, pour une femme de mener de front une carrière
professionnelle ou politique et la création d’une vie de famille.
Lors de la dernière campagne électorale dans le canton, nous avons
pu encore remarquer, malheureusement, que les remarques et autres
questions des journalistes qui portaient sur la conciliation de la
vie privée et familiale ne concernaient que les candidates
féminines. Au plan fédéral, nous avons déjà eu droit, dans la
presse, à des articles sensationnalistes sur des candidates
enceintes, alors qu’il n’y a aucun mot sur la vie de famille des
candidats masculins.

Il nous faut encore lutter pour que ces barrières d’accès tombent. Et dans ce cadre, tant notre parlement que notre administration doivent être exemplaires. Créer une salle d’allaitement est un bon début, le prochain allongement du congé paternité au sein de l’administration cantonale aussi (on pourrait d’ailleurs réfléchir à l’introduction de ce congé pour nos collègues parlementaires masculins). Il y a encore du chemin, mais je suis persuadée qu’il faut saluer tous les petits pas qui vont dans la bonne direction. C’est pourquoi, au nom du groupe des Verts, je remercie et félicite le Bureau du Grand Conseil pour cette solution pragmatique, qui montre qu’il est possible de tendre vers plus d’égalité entre nous tous et toutes.

Rebecca Joly