Interpellation

Une
étude de l’Eawag[1]
publiée en avril 2019 montre une fois de plus que les cours d’eau
dans les bassins versants exploités par l’agriculture sont
fortement pollués par des produits phytosanitaires (PPh). Les
concentrations de certaines substances dans les petits ruisseaux sont
pendant plusieurs mois par an si élevées qu’elles représentent
un risque d’atteinte chronique voire mortelle pour les organismes
aquatiques. Notre eau potable, souvent issue des eaux souterraines,
est également concernée. La campagne de mesures conjointement menée
par la Confédération et les cantons (NAQUA[2])
montre que les résidus de PPh nuisent durablement à la qualité des
eaux souterraines. Le nombre de points de mesure où des substances
actives de PPh ou des produits issus de leur dégradation — appelés
métabolites — ont été décelés dans les eaux souterraines
dépasse largement les 50%. Comme les eaux souterraines restent
longtemps dans le sous-sol et que les substances de syn­thèse ne
s’y décomposent pratiquement pas, les substances problématiques
ne sont guère éliminées. C’est pourquoi l’ordonnance sur la
protection des eaux stipule que les eaux souterraines ne doivent pas
contenir de substances de synthèse persistantes.
Pourtant,
avec près de 100 substances, la palette de substances étrangères
présentes dans les eaux souterraines est aujourd’hui énorme.

Les
études et les chiffres le confirment: comme il y a cinq ans dans le
précédent rapport EAWAG, le problème est de taille. C’est
pourquoi nous prions le Conseil d’Etat de bien vouloir répondre aux
questions suivantes:

  1. Les analyses effectuées dans le cadre de l’étude de l’Eawag couvraient différents sites et cours d’eau. Les résultats de cette étude sont-ils représentatifs de l’état des petits cours d’eau dans notre canton?
  2. Quels captages d’eau potable du canton sont contaminés par des produits phytosanitaires ou des métabolites ?
  3. Quels produits phytosanitaires et quels métabolites posant des problèmes écotoxicologiques et/ou toxicologiques se trouvent dans nos eaux souterraines, notre eau potable et les cours d’eau de notre canton, en quelle quantité et quelle est leur provenance?
  4. A quels endroits (points de mesure) les eaux souterraines, l’eau potable et les eaux de surface font l’objet de mesure? Depuis quand et à quels intervalles de telles mesures sont-elles effectuées?
  5. Connaît-on tous les métabolites (de PPh) qui sont problématiques d’un point de vue écotoxicologique et/ou toxicologique?
  6. Que font les autorités cantonales pour protéger les eaux souterraines et les eaux de surface des produits phytosanitaires et de leurs métabolites et comment l’application de l’art. 3 de la LEaux (principe de précaution) peut-elle être garantie alors que les PPh et leurs métabolites sont hautement persistants et qu’en même temps le nombre de substances étrangères augmente?
  7. Quelles mesures ont déjà été prises pour éliminer les sources de pollution connues depuis le dernier rapport EAWAG et la fin du projet pilote du Boiron de Morges?

Olivier Epars