La Suisse est un pays comptant un grand nombre d’habitantes et habitants d’origines étrangères. En théorie, chaque citoyenne et chaque citoyen nait et vit libre et égal·e en droit, jouit d’un accès libre au marché du travail, au logement, à l’école, à la sécurité sociale, à la justice, etc.

Mais dans les faits, il existe encore des accès inégaux à ce qui fait le fondement de notre société.En effet, de nombreuses études, dont celle présentée dans le rapport Racisme structurel en Suisse, publié en mars dernier par le Service de lutte contre le racisme (SLR) de la Confédération, ont démontré l’impact du racisme structurel sur les personnes étrangères, sur les Suisses ayant une origine étrangère et même sur des Suisses considéré·e·s à tort d’origine étrangère. Ce phénomène, présent dans la société, les institutions et les entreprises, passe souvent inaperçu : les individus, n’y voyant rien d’anormal, ne le remettent pas en question.

Discriminations dans de multiples domaines

La discrimination raciale dans le monde professionnel entraîne un taux de chômage accru, des rémunérations inférieures et une prédominance des travailleurs issus de groupes racisés dans certaines branches d’activité [1]. De plus, la non-reconnaissance de diplômes ou d’expériences professionnelles à l’étranger pousse certains·e· migrant·e·s diplômé·e·s vers des emplois destinés à des personnes non-diplômées.

Les personnes ayant un patronyme albano-kosovar, turc, tamoul ou érythréen ont systématiquement plus de difficultés à se loger que les personnes originaires d’un des pays limitrophes de la Suisse [2].

Ce ne sont là que quelques exemples des discriminations vécues par une partie de la population.

La norme pénale antiraciste (art. 261 bis du Code Pénal) est insuffisante

Si l’article 261bis du Code Pénal punit les actes qui nient le droit à l’égalité de certains individus en raison de la couleur de leur peau, de leur origine ethnique, leur religion ou de leur orientation sexuelle, force est de constater qu’il est insuffisant. Pour preuve, malgré son existence, les discriminations continuent à exister dans de multiples domaines.

L’existence de cette réalité est prise au sérieux par certaines institutions. Par exemple, la police vaudoise a mis en place un projet collaboratif pour mieux désamorcer les tensions et la Semaine d’actions contre le racisme organisée chaque année contribue à sensibiliser le public à cette problématique. Mais si l’on salue ces initiatives, on peut légitimement se demander si cela est suffisant face à l’ampleur du phénomène. De plus, qu’en est-il pour les autres domaines ne touchant pas directement à une institution publique ou parapublique ?

Pour lutter contre le racisme structurel, le député Vert Vincent Bonvin dépose aujourd’hui au Grand Conseil un postulat demandant au Conseil d’Etat de prendre des mesures concrètes pour faire diminuer sensiblement le racisme structurel dans notre canton.

[1] [2] Source : « Racisme structurel en Suisse », Service de Lutte contre le Racisme SLR, Département fédéral de l’Intérieur, Mars 2023