Plan climat 2ème génération: un manque d’ambition et de cap clair
Une délégation du Conseil d’État a présenté aujourd’hui sa nouvelle version du Plan climat. Autrefois pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique, le Canton de Vaud semble désormais en retrait. Avec des mesures peu nombreuses et peu ambitieuses, alignées sur les obligations fédérales, une gouvernance floue et l’absence d’outils de suivi concrets, les Vert·e·s affichent leur profonde inquiétude et tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme.
Attendue depuis plusieurs mois et maintes fois repoussée, cette nouvelle mouture du Plan climat devait être une vraie évolution de la version précédente. Malheureusement, elle n’est pas à la hauteur des enjeux, alors que le Conseil d’État a lui-même rappelé sa volonté de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, soit d’ici moins de cinq ans.
Les annonces faites aujourd’hui n’indiquent pas comment cet engagement pourra être tenu. Pourtant, la population vaudoise a, à de multiples reprises, affiché sa volonté d’une action concrète à ce sujet: inscription du climat dans la constitution, soutien clair aux votations fédérales et cantonales en faveur du climat… Le Canton de Vaud dispose également des ressources et des compétences nécessaires dans son administration.
Pourtant, aujourd’hui, seul le projet de loi sur l’énergie montre réellement la voie de la réduction et permet concrètement de faire baisser les émissions. Ce projet majeur défendu par le magistrat Vert agit avec des leviers concrets, à la fois sur la production des énergies renouvelables et la réduction de notre consommation; reste à voir ce qui sortira des débats parlementaires.
Ce plan climat reflète les décisions de la majorité du Conseil d’État et du Grand Conseil, soit une majorité de droite sans réelles ambitions climatiques.

Les moyens de mesures aux abonnés absents
Pour les Vert·e·s, la grande absente de ce Plan climat est la façon dont les effets des mesures proposées seront mesurés. Les mesures concrètes de réduction sont déjà peu nombreuses mais aucun outil de suivi n’est véritablement présenté. De plus, il n’existe aujourd’hui aucun moyen de mesurer l’impact climatique des politiques publiques actuelles. Il est nécessaire de se doter d’un outil systématique qui permette d’évaluer l’effet d’une dépense.
Comme une étude de l’EPFL mesurant notamment l’impact de certains allègements fiscaux sur les émissions de CO2 l’a démontré, tous les choix politiques peuvent avoir un effet bénéfique ou négatif sur nos volontés climatiques. Or, cette donnée n’est jamais présentée au Grand Conseil pour orienter ses choix car ces effets ne sont actuellement pas du tout mesurés. Il est urgent de mettre en place un outil de ce type qui analyse les effets des politiques publiques sur le climat ainsi que les effets de toutes les dépenses publiques (green budgeting). Les Vert•e•s interviendront prochainement dans ce sens.
Des arbitrages à venir aux dépens du climat et de la biodiversité ?
La baisse des recettes fiscales de 12% qui pourrait se profiler imposera des arbitrages et l’expérience a déjà démontré que c’est une nouvelle fois la politique climatique qui fera les frais de la politique fiscale de la majorité de droite.
Face à cette situation, les Vert·e·s exigent une nouvelle fois des mesures fortes et maintiendront la pression pour un État montrant l’exemple en matière climatique comme ils et elles l’ont déjà fait notamment avec le postulat d’Oleg Gafner « Pour un projet pilote de comptabilité carbone » et l’interpellation de Felix Stürner « La BCV agit-elle dans l’illégalité ? ».
Le mouvement écologiste attend également la concrétisation de son initiative cantonale “Pour la protection du climat”, portée avec les Jeunes Vert·exs Vaud et largement plébiscitée par la population le 18 juin 2023, dans une vraie loi climat.
Enfin, les Vert·e·s se réjouissent de recevoir des réponses aux nombreux objets déposés sur le thème du climat et de la biodiversité qui sont encore en attente de réponse du Conseil d’État.


De Saussure Jean-Valentin
Député et vice-président des Vert·e·s vaudois·es