La crise du COVID-19 pose de nombreux défis, parmi lesquels la lutte contre la pauvreté. Alors que de plus en plus de personnes, pourtant salariées, doivent recourir à l’aide alimentaire, il devient urgent de mettre en place une stratégie cantonale coordonnée de lutte et de prévention contre la pauvreté pour mieux cerner et répondre aux besoins de la population concernée. Les chiffres actuels présentent un large angle mort qu’il s’agit de combler pour pouvoir déployer une action efficace. Afin d’obtenir cette stratégie et ce monitoring cantonaux, la députée verte Nathalie Jaccard intervient aujourd’hui au Grand conseil par voie de motion.

Le crise du COVID-19 aura permis de tirer de nombreux enseignements. En matière de pauvreté et de précarité aussi. En effet, si avant le mois de mars, près de 10% de la population vaudoise était considérée comme étant pauvre, la situation devrait désormais s’aggraver tant les conséquences économiques qui se profilent vont fatalement faire gonfler les statistiques.

Si depuis plusieurs années le Conseil Fédéral avait mis en place une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, il renvoie aujourd’hui la balle aux cantons en diminuant drastiquement les fonds jusqu’alors alloués à cet effet. Si le canton de Vaud s’est engagé pour cette cause, en mettant notamment en place un programme de prévention du surendettement, des prestations complémentaires pour les familles ou encore un revenu déterminant unifié (RDU), il faudrait plus.

C’est un fait connu : près de 30% de la population éligible ne demande pas les prestations sociales auxquelles elle a pourtant droit. Que ce soit par méconnaissance de ses droits, honte, des démarches administratives trop compliquées, ou autres. Et 70% des personnes qui s’adressent au CSP ont pourtant un emploi. Post-COVID, les personnes qui font désormais appel à l’aide alimentaire auprès de Caritas sont également des personnes qui avaient jusqu’à peu une situation professionnelle, des indépendant-e-s, ou des personnes qui ont quelques biens et qui par conséquent n’ont pas droit aux aides sociales étatiques. Sans compter les travailleuses et travailleurs précaires qui se débrouillaient jusque-là mais qui ont désormais perdu leurs emplois.

Une stratégie cantonale de prévention et de lutte contre la pauvreté s’avère donc urgente pour améliorer et renforcer les mesures existantes, accroître les échanges et l’innovation entre actrices et acteurs politiques, professionnels et associatifs  et recenser, observer et développer les bonnes pratiques dans notre canton, mais aussi ailleurs en Suisse.

Il devient également urgent de se doter d’un outil qui mesurerait systématiquement l’ampleur et l’évolution de la pauvreté pour pouvoir en tirer les enseignements qui s’imposent. Les chiffres actuellement utilisés sont basés sur l’octroi de prestations sociales et laissent donc dans l’ombre quantité de citoyen-ne-s dans le besoin.

C’est pourquoi les Vert∙e∙s interviennent aujourd’hui au Grand conseil par la voix de la députée Nathalie Jaccard.