L’échec cuisant de l’initiative « Contre l’intégrisme religieux » lancée en novembre dernier par l’UDC Vaud est, avec moins de 3000 signatures récoltées, une illustration supplémentaire du décalage grandissant entre ce parti qui glisse vers la droite dure et les Vaudoises et Vaudois. C’est également l’échec d’une certaine manière de faire de la politique, qui vise uniquement à monter en épingle des sujets en attisant la peur et le rejet pour attaquer le bon travail effectué par les ministres en place (en l’occurrence la Conseillère d’Etat verte Béatrice Métraux et le règlement d’application de la loi sur la reconnaissance des communautés religieuses). Un échec qui prend une tonalité d’autant plus particulière à 13 jours du 2e tour de l’élection au Conseil d’Etat.
Alors que l’UDC Vaud reconnaît aujourd’hui, à un jour du délai légal, l’échec cuisant de la récolte de signatures pour son initiative « Contre l’intégrisme religieux », c’est le signe patent que la population vaudoise n’a pas mordu au discours discriminant du parti. Depuis le lancement en novembre dernier, l’UDC Vaud n’a eu de cesse de faire du texte un argument de campagne contre la ministre en charge du dossier, Béatrice Métraux, alors même que le dispositif rigoureux, mais juste, en matière de reconnaissance des communautés religieuses fait du canton de Vaud un pionnier en la matière en Suisse.
Pour rappel, cette reconnaissance est ancrée dans la Constitution vaudoise de 2003 et une première loi d’application avait été initiée par l’UDC Jean-Claude Mermoud en 2007. Il aura fallu attendre 7 années supplémentaires pour que son règlement d’application soit enfin adopté par le Conseil d’Etat en 2014. Ce dispositif favorise la paix confessionnelle et un dialogue continu à même, notamment, de lutter contre les risques de replis communautaristes.
Aujourd’hui, avec à peine un quart des signatures récoltées, la direction de l’UDC Vaud, en lançant cette initiative, a démontré qu’elle n’incarne plus cette ligne agrarienne dont elle se réclame, mais bien la ligne dure de son parti national, en décalage complet avec la population vaudoise qui n’a adhéré ni à la philosophie de rejet et d’opposition des communautés qui sous-tendait le texte, ni à la diabolisation d’une ministre qui a fait un excellent travail.
Nos concitoyennes et concitoyens aspirent à une vie politique efficace et respectueuse. Ils apprécient les compromis intelligemment trouvés par l’équipe gouvernante en place, à mille lieues de la logique d’opposition et de diabolisation systématiques que l’UDC Vaud s’efforce malheureusement d’insuffler dans notre canton.
A noter, pour finir, que si l’UDC Vaud essaie aujourd’hui de se distancier de ce texte et du flop essuyé, en faisant croire que ce texte proviendrait d’un petit groupe citoyen indépendant, il faut toutefois rappeler que c’est à l’unanimité des membres de son congrès que cette initiative avait été lancée et qu’elle est portée par nul autre que son secrétaire général. Cette manœuvre de distanciation désespérée ne témoigne-t-elle pas d’un aveu d’échec, par la direction-même de l’UDC, d’une ligne politique incarnant une droite nationaliste et xénophobe, au grand dam de ses alliés PLR et vert’ libéraux forts mal à l’aise dans ce dossier ?