Actes Verts n°57 – mars 2020

On ne va pas se le cacher, c’est un moment comme on en vit peu dans une vie: une grande porte, un imposant escalier, et, en haut en homme et une femme, habillés en cape verte et blanche qu’on a plus l’habitude de voir sur les photos officielles qu’en chair et en os.

Pour moi c’était le 3 décembre dernier. On m’avait avertie que j’allais siéger en lieu et place de Léonore Porchet et puis tout est allé très vite. On promet solennellement d’être fidèle à la Constitution suisse et vaudoise, d’exercer en toute conscience la charge à laquelle nous avons été appelé et de donner notre assentiment qu’aux projets de loi qui nous semble justes, utiles et conformes aux bonnes mœurs. Un geste qui revient souvent à l’ordre du jour. Mais ça reste toujours un moment d’émotion.

Bon. Passées les accolades, on découvre vite la réalité. Le Grand Conseil est un monde en soi. Un endroit extrêmement codifié où il se joue autant de choses dans les coulisses que dans l’hémicycle. Difficile à comprendre pour une novice. Le contraste est encore plus grand pour une élue verte qui débarque tout droit du Conseil communal de Lausanne où la gauche est majoritaire. Au Parlement cantonal, où nous ne sommes (pour l’instant!) pas en position de force. En termes de psychologie politique, il y a un sacré pas à faire.

Reste un côté singulièrement
grisant. C’est là, entre ces 150 député-e-s et ces sept conseiller-ère-s
d’Etat, que se prennent bon nombre des décisions qui font ce canton. Y
participer ne serait-ce qu’un peu, essayer de comprendre modestement ses
rouages et tenter de mettre le grain de sel pour lequel nous avons été élus,
c’est une opportunité que je trouve magique.

Et c’est bien là le premier choc. On pense urgence climatique, biodiversité, mixité sociale, et le premier point à l’ordre du jour, pour moi, c’est tout bonnement une plongée douloureuse dans la réalité du budget cantonal, dans le subtil équilibre des rapports de force entre exécutif et législatif, dans la composition des commissions et les discussions sans fin pour essayer de décrocher un vote dans le camp d’en face. 

Il y a aussi ces moments où la
politique du Parlement et l’actualité se confondent. Et ce début d’année, ça ne
manque pas. Entre la démission du Président du Grand Conseil, son remplacement
au pied levé et bien sûr l’actuelle crise du Coronavirus qui a vu la suspension
de nos travaux, 2020 peut d’ores et déjà être considérée comme exceptionnelle
et ravira sûrement les futur-e-s historien-ne-s qui devront décortiquer nos PV
de séances et autres bulletins. A nous d’y être efficaces.

Ces premiers pas dans la politique cantonale, c’est aussi et surtout grâce à l’aide du groupe des Vert-e-s: les militant-e-s, les élu-e-s, les ami-e-s du partis, et les député-e-s en place. Dans cette période plus que turbulente et dans cette grande machine qu’est le Grand Conseil ce groupe des Vert-e-s, composé de personnes intègres, motivées et engagées, vous rappelle à quel point nous sommes une vraie famille de conviction. C’est ce que je retiendrais de ces premiers mois passés au Parlement. Nous avons la chance d’avoir des gens de qualité, avec chacun ses thèmes de prédilection et ses engagements. Un grand tout avec qui je me réjouis de pouvoir reprendre le plus rapidement possible nos travaux. Cette crise épidémiologique montre à notre canton et à nous tous nos limites. Nous aurons besoin d’énergie et d’idées novatrices pour pouvoir nous réinventer. Et des idées et de l’énergie, les Vert-e-s en ont à foison.

Alice Genoud