Pour cette édition d’Actes Verts, je souhaitais partager avec vous quelques lignes au sujet du terrorisme international et le travail que nous menons en Suisse et dans le Canton pour y faire face.
Il y a bien sûr différentes formes de violence et d’actes de terreur commis par divers types de groupuscules qui souhaitent imposer leur idéologie en détruisant ce qui fonde l’Etat de droit. Les évènements récents et les plus médiatisés impliquent en particulier des mouvances sectaires et apocalyptiques islamistes. Ce type de menace n’est pas nouveau, mais les modes opératoires et de recrutement le sont. Face à cela, quelle est l’action menée par mon Département en collaboration avec d’autres ?
La police cantonale travaille sur la base d’informations fournies par les services de renseignements fédéraux, qui eux travaillent aussi en collaboration avec leurs collègues internationaux. Elle dispose d’une unité, récemment renforcée, dont le rôle est justement de faire le lien avec le renseignement, de contribuer à la circulation de l’information et d’identifier les risques propres au contexte vaudois.
Tous les policiers de notre canton ont reçu une « pocket card » qui instruit de la manière de procéder pour faire suivre des signalements. Il est possible que nous nous dotions d’un service transversal de consultation spécifique pour les proches de personnes en voie de radicalisation. Les cadres de la police cantonale ont déjà reçu des formations pour faire face à ce genre de risques et cela devrait être prochainement étendu à l’ensemble des policiers vaudois, y compris aux polices communales. En effet, le travail d’une police de proximité est essentiel pour identifier certaines situations problématiques.
Cela étant, nous ne faisons pas face à une situation particulièrement périlleuse. D’après les informations dont nous disposons de la Confédération, sur les quelque 73 départs pour l’Irak ou la Syrie, seuls 13 seraient revenus. Aucun des combattants ne serait de retour sur le territoire vaudois. Si tel devait être le cas, ces personnes devraient faire face à la justice pénale et pourraient être condamnées, comme ce fut le cas l’année passée en Valais.
Au-delà de la réponse sécuritaire, nous sommes également en train de mener une réflexion interdisciplinaire sur les causes de la radicalisation et les manières d’y faire face. Nous avons aussi des contacts continus avec les communautés religieuses du Canton ainsi qu’avec les acteurs de la politique d’accueil et d’intégration des migrants et des réfugiés.
Il faut également le rappeler, l’attrait en Occident pour des idéologies violentes est aussi résultante d’une certaine perte de valeurs, de perte de sens dans nos vies souvent individualistes et surchargées. A cela s’ajoutent également les discriminations sociales et économiques. Bien que le Canton de Vaud ne soit pas un terreau de la radicalisation, il convient de se battre au quotidien pour le renforcement du lien social, pour la lutte contre les injustices et les préjugés, pour une culture de paix, pour une spiritualité vivante et pour une écologie régénérative de nos relations aux uns les autres et à la Terre.
Béatrice Métraux, conseillère d’Etat