Établissement de détention pour mineurs «Aux Léchaires» : une réorientation qui profite à tous

par Béatrice Métraux, conseillère d’Etat
Souvenez-vous : jeudi 1er décembre 2011 était posée la première pierre de l’établissement concordataire de détention pour mineurs (EDM) «aux Léchaires», sur le territoire de la commune de Palézieux (aujourd’hui Oron). Les cantons romands et le Tessin, réunis au sein d’un concordat latin, avaient en effet décidé de franchir un pas supplémentaire en matière de collaboration dans la détention et réinsertion de mineurs, en créant un établissement spécialement dédié à cette tâche. La construction et l’exploitation de cet établissement ont été confiées au canton de Vaud, au vu notamment de sa position centrale en Suisse romande.
Ouvert progressivement dès mai 2014, l’EDM aux Léchaires a vite été confronté à une situation enviable pour un établissement de détention : le manque de détenu-e-s. Aujourd’hui, 18 places sur les 36 sont en service, avec un taux d’occupation moyen de 68%. Si cela n’est pas sans poser de problèmes en matière d’exploitation du site (j’y reviendrai ci-dessous) il me semble difficile de s’en plaindre ! Cela montre que les politiques de prévention – mais aussi quand cela est nécessaire de répression – mises en place ces dernières années portent leurs fruits.
La délinquance juvénile est en baisse partout en Suisse romande et les tribunaux des mineurs prononcent toujours moins de peines fermes. Cette situation n’était pas prévisible lorsque le projet d’EDM latin a vu le jour, dans une période où la tendance était plutôt à la hausse de la criminalité.
Que faire alors de ces places de détention inoccupées ? Le Conseil d’État a décidé en février de cette année d’en élargir le périmètre de prise en charge et d’utiliser, dès le 1er juillet 2016, sous certaines conditions, 18 places pour la prise en charge de jeunes adultes d’un âge compris entre 18 et 21 ans. Précisons que des jeunes de cette tranche d’âge sont déjà de facto incarcérés Aux Léchaires, dans les cas où la majorité  est atteinte en cours d’exécution de peine.
Le Service pénitentiaire disposera d’un outil lui permettant de prendre en charge spécifiquement la population des jeunes adultes, particulièrement marquée par son taux de récidive, en ciblant une action socio-éducative et socioprofessionnelle tout en exécutant la sanction.
Le but premier d’un établissement de détention, celui de réinsérer dans la société les détenus et d’éviter qu’ils ne fautent à nouveau, est ainsi pleinement atteint.
Cette décision a été prise après une évaluation effectuée avec les principaux partenaires concernés : Tribunal des mineurs vaudois, Service de protection de la jeunesse (SPJ) et CHUV, qui ont salué cette possibilité d’instaurer une continuité dans la prise en charge de cette tranche d’âge délicate.
Des questions financières doivent encore être réglées avec les autres cantons, mais l’essentiel est là : les cellules inoccupées ont trouvé une utilisation et le SPEN jouit de davantage de moyens pour accomplir sa mission.