Bien souvent l’automne est perçu comme la saison durant laquelle la nature se prépare à l’hiver. Les feuilles tombent, les jours sont gris et humides. Les cerfs brament, les champignons font une dernière incursion sur les tapis de feuilles mortes et encouragent à la formation du si précieux humus et les soupes ronronnent à nouveau sur les feux crépitants. Aux Etats-Unis, l’automne est communément appelé « the Fall », la chute – celle des feuilles bien entendu… quoiqu’au vu des évènements des dernières semaines…

Mais l’automne,
c’est aussi la période des récoltes, de l’abondance. Les
vendanges, les patates, les courges et les pommes. Une période
d’intense labeur et de célébration. La bonne nouvelle, c’est
que pour le département dont j’ai la charge, c’est bien une
période de récolte et non celle d’une chute qui marque cette
entrée dans l’automne.

Après près de
18 mois compliqués : référendum L3PL, élections cantonales,
requête pour la commission d’enquête parlementaire sur le SPEN,
négociations avec les communes pour la mise en œuvre anticipée de
la RIE 3, c’est également l’occasion de célébrer les projets
et les dossiers qui sont mûrs et qui ont été cueillis par le
Conseil d’Etat ou le Grand Conseil.

Premier plat de résistance, le crédit d’étude pour la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire des Grands Marais. Comme son nom pourrait le faire penser, ce ne fut pas une traversée de tout repos, mais le voilà enfin lancé. Un établissement moderne, flexible, qui devrait permettre d’assurer une meilleure prise en charge des détenus et un apaisement sur le front de la chaîne pénale. En parallèle, le 10 décembre prochain, les Assises de cette même chaîne pénale devraient, je l’espère, permettre de faire un pas de plus envers une politique criminelle un peu moins prompte à remplir les prisons.

Plus discret dans
le giron médiatique, néanmoins projet qui a été longuement
préparé, c’est le futur centre ECAVENIR, dont les travaux
gigantesques ont démarré à proximité de l’aérodrome de la
Blécherette. Un nouveau bâtiment devisé à 128 millions de francs
qui permettra d’avoir sous le même toit les centrales d’appel
114, 117 et 118 ainsi que le siège de l’Etat-Major de conduite
cantonal (EMCC) et celui de la protection civile. A terme, ce ne sont
pas moins de 300 collaborateurs qui devraient y travailler. Ce projet
est un partenariat entre les deux départements concernés (DSAS et
DIS) ainsi que l’assurance cantonal ECA qui a délié les cordons
de la bourse.

Mais ces deux
chantiers d’envergure n’ont rien à envier à d’autres projets
d’importance. Tout d’abord, la révision complète de la loi sur
l’exercice des droits politiques (LEDP) est maintenant finalisée à
l’interne. Elle va partir en large consultation dès le début de
l’année prochaine et promet d’intenses débats sur nos
institutions démocratiques.

La réforme de la
péréquation intercommunale, appelée la nouvelle péréquation
intercommunale vaudoise (NPIV), elle aussi s’annonce corsée. Le
Conseil d’Etat a validé à la rentrée de l’été les buts et
les principes techniques qui doivent, selon lui, présider à cette
refonte du système. Il appelle de ses vœux une péréquation
simplifiée, équitable, stabilisée qui distingue mieux la
péréquation des ressources (transfert des communes aisées vers des
communes moins aisées) de la péréquation des besoins (transfert
des communes avec peu de besoins vers celles en ayant plus). La
question des communes centres aussi devrait être mieux pris en
compte, ainsi que celle des factures partagées (facture sociale,
réforme policière, accueil de jour, etc.). Ce sera bien entendu au
moment où seront chiffrés les montants des efforts relatifs, au
moment où chaque commune prendra sa calculette que les discussions
deviendront rugueuses.

Alors au-delà de ces bourgeonnements de surface, à l’interne, le
mycélium départemental est en intense activité. Un an après le
début de législature, et avant un nouveau cycle d’élections à
venir, c’est le moment de faire éclore un maximum de projets. Cela
s’active de partout, et lorsque l’on se promène dans les
couloirs du Secrétariat général du département dont j’ai la
charge, on se croirait presque, par moment, en pleine forêt
d’automne.

Béatrice Métraux