Les enfants et les jeunes mineurs non accompagnés relevant du domaine de l’asile – dits aussi « mineurs non accompagnés » abrégés « MNA » – ont un besoin de protection particulier, du fait de leur âge et parce qu’ils se trouvent en Suisse, sans être accompagnés d’une personne investie de l’autorité parentale et, pour une partie d’entre eux, engagés dans une procédure d’asile. Pour ces mêmes raisons, ils sont aussi particulièrement exposés à la traite d’êtres humains et à d’autres formes d’exploitation (notamment sexuelle), à la criminalité organisée, ainsi qu’à d’autres activités illégales. Sans compter que les MNA sont souvent traumatisés par leur expérience de la fuite¹.
Depuis plusieurs années déjà, la prise en charge de ces jeunes est une préoccupation pour les Verts au vu des alertes lancées, pour la plupart par les médias, mais aussi par les syndicats, quant aux conditions de prise en charge défaillantes et critiquées dans les centres de l’EVAM.
Mi-mars 2018, 24heures informait que les conditions d’encadrement des réfugiés mineurs non accompagnés (MNA) ainsi que les conditions de travail de leurs éducateurs-trices sont encore et toujours critiques dans les centres vaudois de l’EVAM. Cela malgré les efforts financiers consentis en 2016 par le Conseil d’Etat. La fermeture annoncée du centre de Chasseron à Lausanne semble être la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour les collaborateurs-trices qui s’impliquent dans leur travail, en vain. En encart, à côté de l’article du 14 mars, figure une affirmation du SPJ : « Sur le papier les ressources données sont suffisantes ». Cette déclaration, bien que s’intégrant à une rhétorique juridique, semble vouloir avouer une distance certaine entre théorie et pratique. En effet, l’article dénonce des problèmes structurels importants quant à l’encadrement des MNA mais aussi de conditions de travail difficiles pour leurs éducateurs-trices, et par ailleurs inégales en regard des conditions de leurs confrères affectés à des structures destinées aux enfants non-migrants. L’argument du SPJ insinuant que les besoins d’encadrement des MNA sont inférieurs à ceux des enfants non-migrants n’est pas démontré et relève d’une réflexion peu vraisemblable.
Il y a peu, en 2016, suite à une vague de huit tentatives de suicides concernant les MNA dans des centres d’accueil vaudois, le Grand Conseil réaffirmait le droit inaliénable de tous les enfants à bénéficier d’une protection et d’une attention particulière en raison de leur vulnérabilité tel que défini dans la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). Il saluait par voie de résolution largement soutenue, les efforts, alors consentis par le Conseil d’Etat (manne financière dotant l’EVAM de 6.6 mios supplémentaires par an pour les MNA), et encourageait celui-ci à poursuivre l’adaptation de la prise en charge des mineurs en regard notamment de la croissance du nombre de MNA attribué au canton de Vaud par la Confédération.
Aujourd’hui, bien que le nombre de MNA ait diminué dans le canton, la situation semble toujours être très difficile. La mobilisation des éducateurs-trices et leur intention de faire grève en cas de fermeture du centre du Chasseron ont amené le groupe des Verts du Grand Conseil à interpeller le Conseil d’Etat et à le questionner sur les effets de sa politique actuelle, sur l’opportunité de la réorganiser, et sur les conséquences qu’aurait la fermeture du centre du Chasseron pour le jeunes et leurs encadrants.
Séverine Evéquoz
Pour aller plus loin :
Interpellation du 20 mars 2018
www.enfants-migrants.ch
Réponse du Conseil d’Etat à l’interpellation Céline Ehrwein Nihan – Le dispositif d’accueil des jeunes migrants non accompagnés est-il suffisant et adéquat?
Réponse à l’interpellation de Mmes Evéquoz et Lapique «Asile: quel accompagnement pour les mineurs non accompagnés?»
¹ Recommandations de la CDAS relatives aux enfants et aux jeunes mineurs 6 non accompagnés dans le domaine de l’asile 20 mai 2016