Une députite aigüe? C’est grave docteur?

par Vassilis Venizelos, député
Dans notre canton protestant, le travail est parfois considéré comme le pilier de la prospérité et du bien-être. Pour certains observateurs de la vie politique, il est donc parfaitement indécent d’imaginer un parlement «qui se tourne les pouces ». Le Grand Conseil a pourtant eu ce culot en annulant quatre séances depuis le début de l’année. Les médias se sont largement fait l’écho de cet événement en ne manquant pas de relever l’effronterie des députés et en s’interrogeant sur la possibilité de voir le parlement sombrer dans l’oisiveté et la paresse.
Heureusement, dans ce genre de situation, il y a toujours quelqu’un pour rétablir la vérité. En bon gardien de l’honneur du Grand Conseil, le secrétaire général a rappelé que le travail de député ne se réduisait pas à l’activité en séance plénière. Il y a les séances de commission, le travail de préparation, les séances de groupe, la participation à des événements régionaux, sans compter les sollicitations des médias…
Il n’y a donc pas de quoi s’affoler. Le député vaudois « a bien assez à faire ». Certains journalistes ont même rappelé (24heures du 15 février), statistiques à l’appui, que le parlement vaudois était celui qui travaillait le plus ! Avec 179 heures passées dans l’hémicycle en 2014-2015, les Vaudois font mieux- et ce n’est pas rien… – que les Genevois qui plafonnent à 140 heures, alors que les taiseux fribourgeois atteignent péniblement les 70 heures..
Malgré ce constat rassurant, certains députés se sont engouffrés dans la brèche et ont profité de cet exceptionnel élan médiatique, pour proposer de changer le système par souci d’économies (le Grand Conseil coûte près de 8 millions par année) ou alors par peur de continuer à s’ennuyer. Un député PLR peu connu pour son goût de la réforme a proposé de revoir l’organisation des séances du Grand Conseil. Son texte a été renvoyé en commission pour discussion et rapport, ce qui occupera quelques députés pour une poignée d’heures.
Cette « affaire » et les surréactions qu’elle a engendrées est l’occasion de rappeler que le canton va bien, que les finances sont au beau fixe et que d’autres parlements cantonaux jalousent les Vaudois. Si cette sérénité est appréciable, elle ne doit pas nous faire oublier que les défis environnementaux et sociaux auxquels nous devons faire face sont nombreux. Dans un contexte où le parlement de droite et le gouvernement de gauche se « tiennent par la barbichette » et font tout pour maintenir une certaine stabilité un brin « ronronnante », il faut faire preuve d’énormément de créativité pour porter des idées novatrices. En tant qu’élus verts, notre engagement n’a de sens que s’il se traduit par des résultats concrets, et pour un groupe minoritaire comme le nôtre, il faut souvent redoubler d’efforts pour atteindre nos objectifs. Ainsi, si certains députés s’ennuient au point de proposer des modifications de lois qui ont déjà été débattues et adoptées (Merci F.B.), le groupe des Verts travaille quotidiennement à défendre les valeurs pour lesquelles nous avons choisi de nous engager, quitte à en faire plus que les autres, quitte à aimer l’effort, quitte à souffrir de « députite aigüe »