L’initiative pour la sortie du nucléaire sera soumise au peuple

par Adèle Thorens, conseillère nationale
 
La session de printemps a été marquée par le traitement de la Stratégie énergétique, qui nous est revenue après son passage au Conseil des Etats. Toutes les divergences n’ont pu être résolues, mais l’on peut d’ores et déjà en tirer un bilan.
La Stratégie énergétique a été clairement affaiblie par rapport à la première version issue de nos travaux, puisque le Conseil national a validé dans les grandes lignes les reculs décidés par le Conseil des Etats, revenant sur des améliorations qu’il avait pourtant lui-même apportées au projet. Le concept d’exploitation à long terme des centrales nucléaires, qui permettait de renforcer la surveillance des centrales après 40 ans d’exploitation sur demande de l’IFSN elle-même, a en particulier été biffé définitivement. Il en est de même pour le système de bonus-malus, qui aurait permis d’associer les gestionnaires de réseau aux efforts d’économies d’énergie. Malgré ces affaiblissements, la Stratégie énergétique représente encore et toujours un progrès réel par rapport à la situation actuelle dans les domaines des énergies renouvelables, de la préservation du climat et de l’efficacité énergétique. Les moyens dévolus à l’assainissement énergétique des bâtiments seront augmentés et les normes d’émissions de CO2 des véhicules renforcées sur le modèle européen. Même si le système de rétribution à prix coûtant (RPC) a été limité dans le temps et que les valeurs indicatives de développement des énergies renouvelables restent modestes, les moyens alloués à la RPC seront augmentés et il sera désormais possible d’obtenir une aide directe lors de l’investissement. Un compromis a en outre été trouvé pour donner plus d’importance aux grandes installations d’énergies renouvelables lors des conflits avec le paysage et nous avons pu éviter les soutiens aux petites centrales hydroélectriques peu productives mais très dommageables pour l’environnement. Ces progrès doivent être salués et la Stratégie énergétique fermement défendue au cas où la droite l’attaquait en référendum.
Cependant, le projet reste dramatiquement insuffisant en ce qui concerne la sortie du nucléaire. Non seulement le parlement a refusé toute limitation de la durée de vie de nos vieilles centrales, mais il a même renoncé à renforcer le rôle de surveillance de l’IFSN lors d’une exploitation prolongée. Ceci rend paradoxalement notre situation, en termes de sécurité nucléaire, plus précaire aujourd’hui qu’avant Fukushima. Les exploitants envisageaient alors de fermer leurs centrales après 40 à 50 ans, ce qui était déjà aventureux pour des installations conçues pour 30 à 40 ans. Aujourd’hui, la loi permet une exploitation illimitée des centrales, sans renforcement de la surveillance !
Face à cette dérive irresponsable, les Verts maintiennent leur initiative pour la sortie du nucléaire. Le peuple aura ainsi l’opportunité de décider lui-même, vraisemblablement encore cette année, s’il veut être l’objet d’une expérience nucléaire sans précédent. Nous nous engagerons dès lors toutes et tous, sur le terrain et à la rencontre des citoyens, pour que le tournant énergétique ne soit pas reporté à la prochaine génération et que la fermeture programmée des centrales nucléaire vienne compléter les acquis de la Stratégie énergétique.