Les intentions énoncées par le Conseil d’Etat en matière de promotion du vélo remontent à 2010, dans la stratégie cantonale et de promotion du vélo. En 2013, le Grand Conseil, suite à deux motions et deux postulats des groupes verts, socialistes et PLR, votait un crédit cadre de CHF 13’300’000.- pour financer des subventions aux communes portant sur les mesures en faveur des deux-roues figurant en liste A des projets d’agglomération. Pour rendre possible ces subventions, il votait également un projet de loi modifiant la loi du 11 décembre 1990 sur les transports publics. Plus récemment, le Conseil d’Etat donnait réponse à l’interpellation du député Felix Stürner qui interrogeait, entre autre, l’état d’avancement du développement de la stratégie globale de la mobilité douce dans le canton telle que prônée en 2010.

Dans sa réponse, le Conseil d’Etat mentionnait les bases qui lui permettent aujourd’hui d’agir, en particulier les fiches A 23 et A 24 du Plan directeur cantonal, tout comme les instruments décrits plus haut. Mentionnant également dans sa réponse, la question écrite du groupe Vert libéral de 2016, il réaffirmait 4 axes d’actions :

  • Développer le vélo par le biais des projets d’agglomération ;
  • Développer l’intermodalité entre le vélo et les transports publics ;
  • Sensibiliser la population ;
  • Sensibiliser et conseiller les responsables d’espaces publics.

Il mentionnait que le crédit-cadre voté en 2013 était engagé à hauteur de 51% de son montant total, constatant un certain retard de mise en œuvre lié à la durée des procédures de mises à l’enquête puis de réalisations concrètes, et par ailleurs, le fait que ces mesures sont en main des communes.

Enfin, s’agissant des mesures cyclables des projets d’agglomération, le Conseil d’Etat entend présenter au Grand Conseil cette année un nouvel EMPD relatif à un deuxième crédit-cadre destiné à prendre le relais du crédit-cadre arrivant à échéance en décembre 2017. Dans le cadre de l’étude en cours d’une stratégie cantonale des interfaces de transport de voyageurs, en application de la mesure A24 du Plan directeur cantonal, le Conseil d’Etat entend également renforcer l’action cantonale en faveur de la promotion du vélo en dehors des agglomérations. Un EMPD y relatif, voire un projet de loi si cela s’avère nécessaire, sera présenté au Grand Conseil en 2018.

Si nous constatons que la thématique du vélo et de la mobilité douce est suivie par le Conseil d’Etat, nous observons certaines lacunes à l’exemple des récents crédits-cadres de CHF 9’463’000.- pour financer les travaux d’élimination de six secteurs dangereux du réseau routier cantonal vaudois hors traversée de localité, les études générales de sécurité routière, ainsi que les travaux de marquage et de signalisation en vue de l’assainissement de lieux dangereux. Ceux-ci n’intègrent tout simplement pas la création de voies et pistes cyclables en argumentant qu’il n’est pas pertinent d’accentuer le passage des vélos sur certains axes. Nous observons aussi que des secteurs, bien qu’équipés, débouchent encore bien souvent sur des connexions délicates et que, par ailleurs, certains secteurs non équipés restent très risqués et doivent dès lors devenir une priorité.

L’intermodalité entre le vélo et les autres modes de transport est peut promue aujourd’hui, beaucoup de société de transports publics sont très frileuses à l’accessibilité des vélos et de citer l’exemple des Transports publics lausannois (TL) qui sanctionnent sévèrement les vélos pliables qui ne sont pas dans leurs fourres. En matière de sensibilisation, l’exemplarité reste focalisée sur les villes, notamment Lausanne. A notre sens, les forces de l’ordre sont encore trop peu impliquées dans la promotion des bonnes pratiques. Enfin, en matière d’espace public et privé, les acteurs de la construction représentent un levier important, force est de constater que les synergies sont encore trop peu la règle.

Par notre postulat, nous souhaitons formuler les ambitions auxquelles les textes à venir doivent répondre et inviter le Conseil d’Etat à actualiser sa stratégie cantonale en faveur du vélo et de la mobilité douce. C’est ainsi que pour les axes structurant la stratégie cantonale, nous envisageons un certain nombre de mesures portant sur l’infrastructure, l’intermodalité, la sensibilisation, l’aménagement de l’espace public.

Pour l’infrastructure, il s’agirait notamment d’établir une cartographie des secteurs prioritaires au sein des agglomérations et autres localité du canton, hors agglomération, de mettre en œuvre de voies ou pistes cyclable de façon systématique lors de réfection ou réaménagement, d’envisager les différents ouvrages comme des opportunités pour la mise en œuvre de l’infrastructure écologique et enfin d’établir la liste des connexions plus fines qui doivent faire l’objet de sécurisation.

Pour l’intermodalité, il faudrait développer des partenariats avec les sociétés de transports du canton pour permettre, par exemple, le transport facilité des vélos et augmenter la tolérance des vélos. Il s’agirait aussi d’adapter certaines règles de circulation à l’exemple du tourner à droite au feu rouge, déjà autorisé dans certains cantons ou encore de donner la possibilité pour les vélos de rouler sur les voies de bus à la descente ou au plat.

En terme de sensibilisation, il serait opportun d’organiser des cours de conduite gratuits pour les cyclistes, d’élaborer des campagnes de sensibilisation « clé en main » auxquelles les communes pourraient adhérer, d’envisager des cours pour les plus jeunes dans le cadre scolaire ou associatif.

Finalement, en matière d’aménagement de l’espace public, il s’agirait d’élaborer de mesures incitatives en faveur de constructions pour les vélos, pour le parcage notamment, de sensibiliser les maîtres d’ouvrage privés aux mesures d’aménagements d’espaces dévolus aux vélos, à l’interface du domaine public – privé.

De façon générale, des mesures visant à augmenter les ETP de conseil, au niveau cantonal, dans le but de mieux promouvoir la mobilité douce et en particulier le vélo, sont sollicités par notre postulat.

Enfin, parce que le vélo a de nombreuses vertus pour la santé et pour le climat, que son usage doit être fortement promu, la collaboration avec les associations de promotion de la mobilité douce et du vélo est une réelle opportunité, le canton pourrait alors devenir un peu plus cyclophile.

Séverine Evéquoz et Felix Stürner