Le 10 juin prochain, sauf jet de l’éponge dans les concertations de crise existant entre la Confédération et les cantons consistant par exemple à remettre la candidature à 2030, le peuple valaisan devra se prononcer sur la candidature de Sion et du Valais pour les J.O. d’hiver 2026. Quelques rappels :

Episode 1

Profitant de la candidature de Lausanne pour les Jeux Olympiques d’hiver de la Jeunesse (2020), des milieux proches de la Chambre Vaudoise du Commerce et de l’Industrie (CVCI) lancent l’idée de profiter de la dynamique pour propulser une candidature de Lausanne pour les jeux d’hiver 2026. A la même époque, Christian Constantin lance le projet de Jeux Olympiques en Valais en 2026.

Episode 2

La Municipalité de Lausanne déclare vouloir se concentrer sur la réussite des Jeux de la Jeunesse (2020). Elle considère également que le temps nécessaire à l’élaboration d’un dossier sérieux pour 2026 (dépôt début 2019) n’est plus suffisant,

Episode 3

Suite à diverses péripéties, les initiateurs vaudois (CVCI) et valaisans (Constantin) disparaissent du projet. Leur bricolage ainsi que les risques financiers sont repris par le gouvernement valaisan, la ville de Sion et une majorité du Grand Conseil de ce canton, instances absentes du dossier au moment de son lancement.

Episode 4

Une faible majorité du Conseil national, 92 contre 87 et 7 abstentions, demande un vote populaire de toute la Suisse sur ce projet. Même s’il est peu probable que le Conseil des Etats suive, il faut rappeler que le principe du frein aux dépenses nécessite 101 voix pour l’adoption du projet au National. Cela implique que les partisans gagnent 14 voix pour que le milliard fédéral passe, sinon tout tombe, même si les Valaisans devaient voter oui.
Une sortie possible, pour rallier une majorité, consiste à couper 100 ou 200 millions dans l’aide fédérale en affirmant que les organisateurs peuvent faire des économies, trouver des sponsors ou mieux négocier les droits TV avec le C.I.O..

Analyse

Ce que le gouvernement valaisan ne sait pas, c’est que l’essentiel des contraintes techniques sont imposées par les fédérations sportives et non par le C.I.O.. De petites améliorations en petites améliorations, la dérive financière se chiffre par plusieurs dizaines de millions. Ce scénario est d’autant plus plausible que le projet est bricolé et de nombreux sites encore incertains.
Comme de nombreuses dépenses ont déjà été consenties, il devient pire d’arrêter que de continuer. Pour limiter les dégâts, les autorités continueront et convaincront leur Grand Conseil pour la rallonge.
Et si en 2025 une recrudescence du terrorisme se développe au niveau international, Il sera trop tard pour arrêter et les dépenses de sécurité, déjà sous-estimées au départ, devront être augmentées de plusieurs centaines de millions.
Il ne faut pas oublier qu’à l’origine le projet est au moins à moitié vaudois et que certaines installations de notre canton seront utilisées.
La prise de position du Conseil d’Etat sur le milliard fédéral devrait à elle seule dissuader les valaisans de voter oui malgré la mobilisation des clans historiques du canton.
Le gouvernement vaudois affirme deux choses.
Le Gouvernement s’inquiète que la Confédération ne veuille pas aller au-delà des 215 millions prévus. La Confédération doit s’engager pour la prise en charge de la totalité du déficit le cas échéant, les contributions des cantons et des communes doivent se rapporter aux seules dépenses d’investissement à l’exclusion des dépenses de fonctionnement.
Ce scénario de politique fiction, compte tenu des rapports de force au Conseil national, montre bien la confiance du Conseil d’Etat en la sécurité financière du projet.
Le Gouvernement précise qu’il ne peut s’engager qu’à hauteur d’un million (compétence du Conseil d’Etat sans aller au Grand Conseil et ouvrir la voie au référendum). Poliment dit, cela signifie qu’il y aurait référendum et qu’il est à peu près certain que le peuple vaudois dirait non.
Il faut espérer que nos voisins mettront fin au bricolage olympique le 10 juin, bricolage dans lequel certains Vaudois ont hélas des responsabilités historiques.
Daniel Brélaz, conseiller national