Depuis l’échec de l’initiative
d’Artagnan dans les urnes, c’était il y a dix ans déjà, le
projet de la police unique avait alors cédé la place à celui d’une
police coordonnée. Une organisation de la police qui permettait aux
communes qui le souhaitaient de maintenir leur propre corps de police
(ou de manière intercommunale) aux côtés de la police cantonale
qui conservait l’essentiel des compétences en matière judiciaire
(à l’exception notable de Lausanne). Ainsi, notre canton est
sillonné par 10, oui, 10 corps de police différents. 9 polices
(inter)communales et la police cantonale. Afin d’assurer une
cohérence dans le dispositif, encore fallait-il mettre en place une
gouvernance à même de permettre ce travail collectif.

C’est ainsi que la loi
d’organisation de la police vaudoise (LOPV) a prévu l’existence
du Conseil cantonal de sécurité (CCS), organe de pilotage politique
et stratégique, dont j’assume la présidence comme Cheffe de
département en charge, et son pendant opérationnel, la Direction
opérationnelle (DO) qui est sous la baguette du commandant de la
police cantonale.

Le CCS et la
DO ont donc la charge de superviser l’ensemble de l’action
policière ou d’élaborer des priorités sécuritaires via le plan
d’action coordonné (PAC), notamment. La Cour des comptes a relevé
en 2017 que dite-police coordonnée souffrait de quelques erreurs de
jeunesse qu’il convenait de corriger, tant en matière de
gouvernance que de financement. Ces révisions, réflexions, voire
réformes sont maintenant en cours. Le Grand Conseil a, ce mois de
mars, donné plusieurs mandats dans ce sens par le biais de motion et
de postulats.

Cela étant, le dispositif devrait
encore être appelé à évoluer. En effet, depuis le 1er
mars, un nouveau projet pilote a débuté dans l’Ouest lausannois,
le projet REGIO. Ce projet fait suite à une demande du corps de
police du district la Police de l’Ouest lausannois (POL). La POL a
souhaité un plus grand rapprochement avec la gendarmerie, sur le
terrain, afin d’améliorer la collaboration et la coordination du
travail en faveur d’une sécurité de proximité.

REGIO c’est le principe d’une
police intégrée et décentralisée. Dans les faits, cela veut dire
quoi ? Dans un premier temps, la gendarmerie et la POL auront
donc deux patrouilles mixtes qui assureront ensemble les missions de
police secours. Afin d’en améliorer les synergies, le Conseil
d’Etat a d’ailleurs octroyé des compétences judiciaires pour la
POL dans le cadre de ce projet pilote.

Les cadres de la POL et la
Gendarmerie bénéficieront d’une visioconférence à chaque prise
de service afin de permettre une meilleure circulation de
l’information et une plus grande efficacité du dispositif. Par
ailleurs, le Commandant de la POL et son remplaçant ont été
intégrés les structures de conduite du canton au sein de la
Gendarmerie pour une collaboration accrue.

La direction politique de la POL
reste par ailleurs intacte, permettant ainsi une prise en compte
optimale des attentes et des besoins sécuritaires propres à l’Ouest
lausannois.

Cette proximité opérationnelle
permet des synergies importantes en matière de commandement et de
conduite opérationnelle, mais aussi dans le domaine tant logistique
(matériel, informatique, télématique) que des ressources humaines
(formation, gestion des horaires, etc.).

Ce projet pilote fait l’objet d’un
suivi très attentif tant d’un point de vue opérationnel que d’un
point de vue politique. Les communes disposant d’un corps de police
s’intéressent aussi beaucoup à ce processus.

Si le projet REGIO devait être
concluant, il est possible que cette proximité opérationnelle se
renforce sur le terrain, ceci pour le bien d’une sécurité
renforcée et bien adaptée. C’est la police intégrée et
décentralisée, qui permet d’éviter la tentative de défense des
intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général.

Et la police coordonnée, même si elle est appelée à évoluer, elle fonctionne globalement. Depuis 2013, la baisse de la criminalité est notable : les infractions au code pénal ont diminué de moitié ! Certes la criminalité est multifactorielle, elle dépend de critères endogènes et exogènes au canton. Mais la tendance est positive et, comme je me plais à le dire régulièrement, la sécurité est indispensable à la qualité de la vie remarquable que nous connaissons dans notre pays.

Béatrice Métraux