Motion

En matière de pauvreté et de précarité, là aussi, il y aura un « Avant et un après » la crise du coronavirus.

Avant, les chiffres (Caritas) faisaient état d’environ 10% de la population vaudoise qui était considérée comme pauvre. Les besoins étaient déjà là. Mais, à l’avenir, ils seront probablement plus importants tant les conséquences économiques qui se profilent vont provoquer de gros dégâts et feront tristement gonfler les statistiques.

Depuis plusieurs années le Conseil Fédéral a mis en place une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Aujourd’hui, il renvoie les cantons à leurs responsabilités en diminuant drastiquement les fonds qui étaient alloués à cet effet. Notre Canton s’est également engagé pour cette cause, en mettant notamment en place un programme de prévention du surendettement, des prestations complémentaires pour les familles ou encore un revenu déterminant unifié (RDU). Ces mesures sont sans nulle doute une avancée mais ne suffisent pas, elles ne suffisent plus… Il faut relever qu’environ 30% de la population éligible ne demande pas les prestations sociales auxquelles elle a pourtant droit. En cause : la méconnaissance de leurs droits, la honte, des démarches administratives trop compliquées, et bien d’autres raisons.

Les masques de la pauvreté ont différentes formes et ont des provenances diverses. Ainsi, par exemple, le 70% des personnes qui s’adressent au CSP travaillent. Chez Caritas, les personnes qui font appel à l’aide alimentaires sont, maintenant, également des personnes qui avaient jusqu’à peu une situation professionnelle, des indépendants, ou des personnes qui ont quelques biens et qui par conséquent n’ont pas droit aux aides sociales étatiques. Sans compter les travailleurs précaires qui pouvaient cumuler plusieurs emplois qui se débrouillaient jusqu’à maintenant mais qui désormais ont perdu leur(s) emploi(s).

Il devient donc urgent de se doter d’une politique cantonale plus coordonnée en mettant en place une stratégie cantonale de prévention et de lutte contre la pauvreté pour :

  • Améliorer et renforcer les mesures existantes.
  • Permettre les échanges et l’union entre politiques, professionnels, associations et divers acteurs pour développer et tester des approches innovantes.
  • Fournir des outils pratiques et mieux comprendre les mécanismes de reproductions de la pauvreté et permettre ainsi une meilleure réponse aux conséquences directes sur les individus, notamment les enfants.
  • Recenser, observer et développer les bonnes pratiques dans notre canton, mais également ailleurs en Suisse.

Il est également impératif de se doter d’un outil qui mesurerait systématiquement et périodiquement l’ampleur et l’évolution de ce fléau dans notre Canton permettant ainsi de tirer les enseignements qui en découlent. Ce monitoring cantonal tiendrait compte de l’ensemble des personnes en situation de précarité. Actuellement, les chiffres du rapport social sont basés sur l’octroi des divers types de prestations sociales et par conséquent les personnes qui ne demandent pas d’aides et les citoyens et citoyennes qui n’ont pas droit à ces aides (notamment tous les effets de seuil) échappent à ces statistiques, faussant ainsi notre perception de la réalité.

Le programme de cette stratégie devrait permettre de développer et d’affiner notamment :

  • La garantie des besoins vitaux.
  • Des programmes de formation de rattrapage ou le libre accès à des formations continues qui permettrait de mieux tenir compte de l’égalité des chances.
  • Des programmes d’encouragement précoce pour les enfants.
  • Permettre une meilleure conciliation de la vie familiale et professionnelle.
  • Développer des actions pour aider les ménages à retrouver leur autonomie.
  • Faciliter l’accès aux aides.
  • Permettre des campagnes de sensibilisation plus ciblée.
  • Etc.

Ainsi, la présente motion demande au Conseil d’Etat d’élaborer et de mettre en œuvre une telle stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté ainsi que la mise en place d’un monitoring cantonal.  

Nathalie Jaccard