Postulat

La crise sanitaires que nous traversons nous a contraint à paralyser une part importante de nos activités économique et, nous le savons, nous nous dirigeons probablement vers une crise économique et sociale importante. Notre réponse à cette crise va être une donnée majeure pour anticiper ou réduire un peu une autre crise majeure qui menace nos sociétés : la crise climatique.

Pour répondre à cette crise climatique, nous devons rendre nos sociétés plus résilientes et surtout une de ses composantes essentielles : son économie. Il nous faut effectivement passer d’une économie gourmande en ressources et surpassant les limites de production terrestre à une économie durable qui réduit son emprunte et utilise de manière plus rationnelle les ressources à disposition et en respectant leur quantité limitée.

Cependant, un certains nombres d’emplois et de personnes dépendent de cette économie, et il serait injuste qu’ils paient le prix d’une reconversion brutale et soudaine, qui risque pourtant d’arriver si nous continuons à ne pas agir.

D’un autre point de vue, plusieurs initiatives existent déjà aujourd’hui afin de promouvoir des activités économiques durables et la transition de certaines activités. Toutefois, les investissements manquent parfois pour ces acteurs et actrices de la transition.

C’est dans ce contexte que l’introduction d’un Revenu de Transition Ecologique (RTE) apparaît comme une réponse pertinente à ces diverses problématiques. Cet outil développé par la chercheuse Sophie Swaton[1] (maître d’enseignement et de recherche à l’institut de géographie et de durabilité de l’Université de Lausanne) se conçoit à la fois comme une aide individuel mais également comme une aide économique.

Le RTE est un revenu assuré pour les travailleurs et travailleuses qui œuvrent à la transition vers une économie durable dans des projets qui peuvent être très divers (circuits courts en agriculture, réutilisation de déchets, reconversion touristique écologique, etc.). Mais c’est également, ainsi, une aide économique pour une reconversion d’une économie polluante à une économie durable en aidant directement les projets de transition écologique. C’est donc à la fois un instrument de politique sociale et économique.

Le RTE s’accompagne également d’un accompagnement social pour les personnes concernées. Cela peut effectivement être un outil de réinsertion socio-professionnel pour des personnes en décrochage. Il remplit donc un autre but qui est celui de diminuer les recourants à l’aide sociale.

Enfin, le RTE doit être mis en place à travers des structures sociales et démocratiques, et donc les projets aidés doivent être pilotés par les personnes concernées. Ces points sont même des conditions à la distribution d’un RTE. Il faut effectivement assurer un suivi social et s’assurer que les projets soutenus répondent à des objectifs sociaux et environnementaux. Le RTE n’est donc pas un revenu universel mais bien un revenu conditionné et dont le suivi est assuré par des personnes compétentes dans le domaine social et environnemental pour assurer la réussite des projets.

Des expériences de RTE ou de procédé similaire ont lieu dans des territoires français (territoire zéro chômeur) qui correspondent à des départements. Beaucoup de travailleurs et travailleuses risques de subir de plein fouet la crise économique et de perdre leur emploi. Ainsi, le moment semble idéal pour introduire un RTE. C’est pourquoi les signataires demandent au Conseil d’Etat d’étudier les avantages et les modalités de l’introduction d’un tel système dans le canton de Vaud.

Rebecca Joly


[1] Sophie Swaton, Pour un revenu de transition écologique, Presse universitaire de France, 2018.