Valéry Beaud

Rapport-préavis n° 2025 / 07

Intervention

Les Vert·e·s sont heureux de pouvoir mener ce soir devant le Conseil communal un nouveau débat sur l’avenir du stade Pierre-de-Coubertin, plus de 10 ans après celui du 11 novembre 2014 sur le préavis n° 2014/41 pour un premier crédit d’études de Fr. 1’800’000.-.

Ces 18 derniers mois, le projet de stade Pierre-de-Coubertin a connu passablement de rebondissements, que je vais brièvement vous exposer ici afin de bien mettre en évidence les enjeux liés à notre vote de ce soir.

En préambule et pour mémoire, je rappelle qu’en 2014, bien que partagés, les Vert·e·s avaient majoritairement soutenus un préavis alors basé sur une étude de faisabilité qui démontrait « que les vestiaires et équipements existants peuvent parfaitement être rénovés et intégrés aux installations nouvelles » et que « les 6’000 places permanentes peuvent être construites dans le gabarit actuel du stade, en procédant à un rehaussement limité à 1 m du talus Est ». A cette occasion, les Vert·e·s avaient toutefois déjà insisté sur la sensibilité paysagère et environnementale du site. Enfin, rappelons aussi qu’à ce moment-là, le coût du projet était estimé à 37.8 millions de francs.

Dix ans plus tard, comme vous pouvez le voir sur l’illustration projetée, la folie des grandeurs s’est emparée de ce projet. Par le préavis n° 2023/71 du 21 décembre 2023, la Municipalité a ainsi sollicité un nouveau crédit de 4.4 millions pour la poursuite des études d’un projet soudainement beaucoup plus conséquent, qui fait table rase de l’existant et implique l’abattage de 286 arbres. Pour les Vert·e·s, le site n’est tout simplement pas adapté pour recevoir un stade d’une telle ampleur, au carrefour de plusieurs liaisons biologiques stratégiques, coincé entre un site inscrit à l’inventaire des sites de reproduction de batraciens au Nord et les rives du Lac au Sud, avec des émissions lumineuses et sonores dommageables pour la biodiversité.

Quant aux coûts du projet, il a doublé pour passer à environ 75 millions en comptant l’ensemble des investissements. Une telle dépense pour une utilisation à pleine capacité un seul soir par année n’est pas acceptable. Aujourd’hui, les priorités d’investissements doivent s’orienter vers la rénovation énergétique des bâtiments, la production et la distribution d’énergies renouvelables, l’adaptation de la ville aux changements climatiques, la biodiversité ou les infrastructures d’accueil pré- et para-scolaires.

Face à cet avant-projet démesuré, le 20 février 2024, la commission a alors largement accepté notre amendement pour rénover/transformer le stade de Pierre-de-Coubertin dans son emprise actuelle, en allouant un crédit d’études réduit à CHF 1.5 millions au lieu des 4.4 millions demandés. Suite à cela, la Municipalité a annoncé le retrait de son préavis n° 2023/71 le 7 mars 2024, dans le but « d’affiner le projet ».

Un an plus tard, un nouveau rapport-préavis n° 2025/07 nous a été transmis le 6 mars 2025, celui sur lequel nous votons ce soir. Il apporte quelques compléments bienvenus sur le financement du projet et sur l’avenir du stade de la Pontaise. Pour le reste, à notre plus grand étonnement, la Municipalité est revenue avec exactement le même projet : un projet qui n’est donc toujours pas adapté au site et un projet qui a donc toujours un coût démesuré.

Dans ce nouveau préavis, en parlant du Stade de la Pontaise, la Municipalité écrit que « pour ce qui est de l’athlétisme, le maintien d’un stade aussi grand, pour une seule manifestation internationale par année n’a pas de sens ». Cette phrase étant relativement similaire aux propos que nous tenons sur le projet de Coubertin, elle nous a donné l’idée de comparer la taille du projet de nouveau stade de Coubertin à l’actuel stade de la Pontaise. Et oh surprise, comme vous pouvez le voir sur l’illustration projetée, le nouveau stade de Coubertin serait plus grand que le stade de la Pontaise, d’une largeur identique, mais plus long. Oui chères et chers collègues, vous ne rêvez pas, c’est bien un stade plus grand que celui de la Pontaise que la Municipalité s’apprêtait à construire sur les rives du lac.

Cela étant dit, même projet, même amendement : nous avons donc redéposé en séance de commission du 10 avril 2025 un amendement pour réduire le crédit d’étude à CHF 1.5 millions pour la rénovation/transformation du stade Pierre-de-Coubertin dans son emprise actuelle. Mais cette fois-ci, la commission a refusé tant notre amendement que le projet Municipal.

Nous retrouvant dans une impasse et avec aucune perspective pour l’athlétisme, pour le sport associatif et le sport populaire, nous avons alors proposé un nouvel amendement de compromis lors d’une deuxième séance de commission le 10 juin 2025. C’est ainsi que nous votons finalement ce soir sur un « crédit d’études de CHF 700’000.-  dédié à des études comparatives de variantes de rénovation/transformation du stade Pierre-de-Coubertin, dont l’une au moins dans son emprise actuelle ».

Nous remercions la Municipalité pour le chiffrage de cet amendement et pour son ouverture à étudier sérieusement de nouvelles variantes, en collaboration avec la commission de projet Métamorphose qui assurera un suivi conformément à la nouvelle conclusion 1 bis. Enfin, nous relevons encore le vœu de la commission, qui « souhaite que le vote du Conseil communal sur le crédit d’études complémentaire qui sera nécessaire pour le développement de la variante recommandée par la Municipalité à l’issue des études comparatives de variantes de rénovation/transformation du stade Pierre-de-Coubertin soit organisé avant la fin de la présente législature ».

Voilà Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, au vu des éléments précités, nous pouvons donc raisonnablement penser que le stade Pierre-de-Coubertin ne se réalisera pas selon le projet Municipal, démesuré et impliquant l’abattage de 286 arbres. Il s’agit désormais de tenter de trouver un nouveau projet plus respectueux de la sensibilité paysagère et environnementale du lieu et qui présente un budget raisonnable, en allégeant le programme du stade.

Pour terminer, concernant l’avenir du stade de la Pontaise et la réponse à mon postulat, je me laisse la possibilité de faire une brève intervention spécifique à ce propos plus tard dans le débat.