La crise sanitaire que nous vivons actuellement est sans précédent et a des répercussions tangibles sur notre société et sur notre modèle économique. Alors que les premières mesures de déconfinement ont été mises en place et que les activités reprennent peu à peu, la distanciation sociale reste un geste barrière fondamental pour contenir la propagation du virus et ainsi préserver la santé des personnes les plus vulnérables.
Les collectivités publiques ont un rôle primordial à jouer pour accompagner les acteurs économiques locaux dans le redémarrage de leurs activités, et ce de manière plus humaniste, locale et durable au sens de l’appel du 4 mai. A ce titre, il convient de prendre des mesures pour encourager tant la population que les visiteurs à (re)fréquenter nos centres villes et villageois, ainsi que nos commerces, et ce dans le respect des recommandations de l’OFSP. En effet, sans amélioration des conditions-cadres permettant la distanciation sociale, notamment par la libération d’espace public supplémentaire, la reprise économique semble extrêmement compliquée à opérer.
Dans ce cadre, nous apprenons dans une communication reçue ce lundi 11 mai que la Municipalité prévoit des mesures dans les domaines de l’économie, de la culture et du tourisme. Elle indique à ce titre envisager des aménagements de l’espace public en termes de circulation, de terrasses, d’accès au lac, etc. Ce type de démarche s’inscrit clairement dans ce qui s’appelle de l’urbanisme tactique, c’est-à-dire dans la mise en place d’aménagements provisoires permettant de tester des solutions pour l’avenir.
L’exemple des exploitants de bars et de restaurants est à ce titre le plus parlant : ces derniers ont perdu une grande partie de leur capacité d’accueil pour respecter la distanciation sociale et les consignes de la Confédération. Ainsi, à l’image de plusieurs villes romandes, la mise en place d’une procédure facilitant les démarches pour la création et l’extension des terrasses permettrait d’offrir un soutien non négligeable à bon nombre de petits indépendants qui font la richesse du tissu économique montreusien. Cela impose toutefois d’assouplir, temporairement du moins, les règles relatives aux terrasses, de libérer de l’espace public affecté à d’autres usages, voire de renoncer aux émoluments liés à l’occupation du domaine public.
Cette recherche d’espace supplémentaire peut par exemple se concrétiser par la  limitation de la circulation dans certaines rues ou la création de zones de rencontre, comme proposé en 2016 dans le postulat de M. Florian Chiaradia intitulé « Pour un centre-ville convivial », qui demande la mise en place d’un espace public pensé pour les piétons sur la rue de la Paix et la rue de l’Eglise catholique. Ce type de réflexion pourrait par exemple être étendu à la rue du Pont et à de nombreux autres quartiers de Clarens et de nos villages. La période de déconfinement peut être l’occasion d’accélérer, ou du moins de tester, la mise en œuvre de projets d’urbanisme et de mobilité actuellement étudiés.
Par ailleurs, la distanciation sociale risque d’engendrer des effets pervers dans le domaine de la mobilité en sapant des efforts entrepris depuis des années pour encourager le report modal. L’utilisation des transports publics étant déconseillée pour les personnes à risque, il est à prévoir une utilisation accrue des transports individuels motorisés, entrainant son lot de nuisances, comme la congestion des axes routiers ou une augmentation de la pollution de l’air. Il s’agit donc d’anticiper cet effet et de continuer les efforts entrepris dans le but d’encourager le report modal, notamment sur la mobilité douce et le vélo qui constituent de formidables alternatives pour les trajets courts.
Plusieurs mesures sont dans ce cadre envisageables et sont notamment recommandées par l’association PRO VELO Riviera, soit :

  • le renforcement du réseau cyclable actuel par l’attribution de nouveaux tronçons ou l’élargissement de voies de circulations préexistantes ;
  • la sécurisation physique temporaire par l’installation de signalisation spécifique ;
  • la fermeture d’axes à la circulation routière pour l’attribuer temporairement à la mobilité douce ;
  • la mise en place d’une campagne de communication et de sensibilisation encourageant le report modal.

A nouveau, dans l’optique d’un urbanisme tactique, il s’agirait d’appliquer les premiers jalons du plan des mobilités douces actuellement en cours d’élaboration par la Municipalité. De nombreuses autres mesures peuvent être dans ce cadre envisagées et implémentées. La pandémie que nous vivons actuellement constitue une véritable opportunité en termes de stratégie d’aménagement du territoire.
Pour résumer, cette motion demande à la Municipalité :

  • de mettre en œuvre des mesures urgentes en terme d’aménagements urbains compatibles avec la distanciation sociale dans le but de favoriser la reprise de l’économie locale et le report modal ;
  • de considérer la pérennisation de ces aménagements temporaires selon les résultats observés.

Ces quelques mesures permettraient d’offrir un soutien précieux à nos acteurs économiques locaux en encourageant un retour des habitants et visiteurs dans le strict respect de la distanciation sociale.
Je demande que cette motion soit envoyée en commission.
En vous remerciant de votre attention.
Jessica Ruedin