Le premier débat entre candidats au Conseil d’État s’est déroulé à Begnins. Et il a porté sur les enjeux de la croissance démographique, à l’initiative du député Didier Lohri, qui l’a organisé. En modérateur des débats, le rédacteur en chef de La Côte, Michel Jotterand, s’attendait à ce que les échanges soient vifs entre la PLR Isabelle Moret et le Vert Vassilis Venizelos. D’ailleurs, en titrant la rencontre : « Un million de Vaudois, et moi et moi et moi… », les Vert.e.s avaient annoncé la couleur : notre district est en crise de croissance et les perspectives de Statistiques-Vaud, qui prédit une population de plus d’un million d’habitant·e·s dans le canton en 2040, alors que nous sommes 815’000, leur font froid dans le dos : transports engorgés, perte de la biodiversité et atteintes aux paysages, problèmes de logement, manque d’écoles et de gymnases… Mais le Pays de Vaud n’est pas la France, même en campagne électorale !  On a donc assisté à de courtois échanges entre deux candidat·e·s qu’on sent déjà aux portes du pouvoir exécutif… et donc appelés à collaborer au quotidien.

Mme Moret s’est montrée très verte et sociale, ouverte à l’immigration pour compenser le vieillissement de la population active. Elle a estimé que, en tant que libérale : comme dans toute crise, cette situation constituait une opportunité pour les entrepreneurs créatifs de faire des affaires. Et que, de toute manière dans notre démocratie directe – comme on l’a vu avec la Loi CO2 récemment refusée par le Peuple alors qu’elle la soutenait – on ne peut rien faire si la population n’adhère pas.

M. Venizelos a insisté sur le fait que l’accroissement des infrastructures de transports ne suffira pas face la croissance démographique, et qu’il faut revoir notre rapport à la mobilité, à la consommation. Il s’est aussi inquiété de l’accès aux solutions de transition : « Aux riches les Tesla, aux pauvres les mulets ou les vélos ?! ». Il a aussi rappelé que le Canton, peu endetté, a de la marge pour investir dans la transition écologique : « La dette comptable coûtera toujours moins cher qu’une dette environnementale et sociale ».

En clôture de la séance, la co-présidente des Vert-e-s Valérie Mausner Léger s’est donc félicitée de la compatibilité des mesures vertes pour le programme de législature. Elle s’interroge toutefois sur la prise de conscience des enjeux climatiques par le PLR quand les jeunes PLR parlent de 1.5°C comme étant le résultat d’une « négociation ». Et regrette que les députés PLR aient refusé, le 16 novembre, la formation des jeunes vaudois·e·s sur les enjeux climatiques et ironise : ne devrait on pas commencer par leur proposer une formation sur ce thème ?

Mais plus positivement, les personnes présentes auront acquis la conviction rassurante qu’avec de tels candidat·e·s, un compromis sur le Programme de législature du futur Conseil d’État devrait être possible.