Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres de la Municipalité, Chères et chers collègues,

Le 21 mai dernier, les villes de Lausanne et de Genève publiaient un communiqué à l’attention du Conseil fédéral au sujet de la situation humanitaire à Gaza et appelaient d’autres villes suisses à s’y associer. Cette déclaration se termine ainsi : « Après des mois de prises de position contradictoires et de silence au sujet de l’offensive militaire israélienne, il est temps que le Conseil fédéral porte enfin une voix forte et claire sur le sujet, respectueuse de l’histoire de notre pays et de sa tradition humanitaire. Nous attendons du Conseil fédéral un engagement fort et immédiat en la matière. » À ce jour, une soixantaine de villes suisses ont rejoint l’appel de Lausanne et de Genève, dont font notamment partie nos voisines Vevey et la Tour-de-Peilz .

Depuis, d’autres voix se sont élevées pour dénoncer l’absence de prise de position claire de la part du Conseil fédéral. Le Grand Conseil vaudois a accepté, lors de sa séance du 27 mai, une résolution cosignée par une cinquantaine d’élu·e·s allant dans le même sens que la déclaration de Lausanne et de Genève et demandant au Conseil d’Etat vaudois d’enjoindre le Conseil fédéral à sortir de sa réserve. Au niveau fédéral, deux lettres ont été transmises à Ignazio Cassis, chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) : la première est signée par 55 anciens diplomates du DFAE et la seconde est signée par plus de 250 collaboratrices et collaborateurs du DFAE .

Le 3 juin dernier, M. Cassis s’est exprimé au 19h30 de la RTS. Ce dernier n’est pas vraiment sorti de sa réserve et a tenu des propos qui ont suscité de vives critiques : plusieurs observateurs ont dénoncé des contre-vérités, ainsi que des propos proches du discours du gouvernement israélien. Certains parlementaires fédéraux ont également manifesté leur désaccord avec la position de notre ministre des Affaires étrangères, comme Léonore Porchet des Vert·e·s Vaudois·e·s, Carlo Sommaruga du Parti Socialiste genevois, Vincent Maître du Centre genevois ou Piero Marchesi de l’UDC tessinoise . 

Plus récemment, le chef du DFAE s’est rendu au Proche-Orient et a pu échanger avec des humanitaires sur place. Bien qu’il ait demandé à Israël davantage d’aide pour Gaza, 
M. Cassis semble rester sur la même ligne diplomatique et ne pas vouloir condamner les actions d’un État qui viole ouvertement le droit international. Ce silence est d’autant plus gênant que, rappelons-le, notre pays est dépositaire des Conventions de Genève et devrait par conséquent jouer un rôle clé dans le maintien et la promotion du droit international humanitaire. 

Face à ce constat, il nous semblerait ainsi naturel que notre commune joigne sa voix à celles des autres villes suisses pour dénoncer l’horreur du génocide à Gaza et l’absence de réaction de notre gouvernement.

Au vu des éléments précités, nous posons donc les questions suivantes à la Municipalité : 

  1. La Municipalité a-t-elle pu échanger à l’interne au sujet de l’appel lancé par Lausanne et Genève ?
  2. Si oui, pourquoi n’a-t-elle pas signé cette déclaration à l’attention du Conseil fédéral ?
  3. La Municipalité a-t-elle prévu de se positionner de quelconque manière face à ce drame humanitaire ? 

Nous remercions par avance la Municipalité pour ses réponses et nous précisons que cette interpellation est soutenue par les Vert·e·s, le Parti Socialiste et décroissances alternative.

Je me permet d’ajouter que je m’excuse de rallonger la séance, mais au vu de la temporalité des évènements que j’ai relatés, il ne faisait pas sens d’interpeller au mois de septembre : c’est pour cela que nous avons déposé cette interpellation ce soir. 

Florian Manzini

18 juin 2025