representation utopie

Et si… le pouvoir de changer le cours des choses en profondeur était entre nos mains ? Comme Rob Hopkins qui nous invite à rêver notre avenir, à l’imaginer si fort qu’il pourrait devenir, je veux, moi aussi, vous inviter à rêver un peu, beaucoup, passionnément.

Décembre 2030. Nous sommes à quelques jours des fêtes. Cet hiver marque pour la première fois depuis plus de vingt ans, une légère décrue des températures. On annonce même de la neige en dessous de 1800 mètres. Nos efforts climatiques commencent enfin à payer !

Dans quelques mois, je termine, comme le veut notre nouvelle législation, mon deuxième et dernier mandat à la Municipalité. Mais mon engagement au service de la collectivité ne s’arrêtera pas là. Je rejoindrai pour 5 ans le comité d’experts indépendants qui évalue dorénavant pour le compte de notre assemblée collective citoyenne les projets soumis par notre municipalité. Cette nouvelle instance, composée de citoyennes et de citoyens, a progressivement remplacé le syndic et pilote aujourd’hui, comme un peu partout dans le canton, la destinée de nos collectivités. Depuis que l’enseignement aux modes de gouvernances participatives s’est généralisé dans nos écoles et nos universités, la présence des jeunes dans tous les centres de décision s’est fortement accrue. Notre démocratie s’en est trouvée vivifiée et chacun peut mesurer combien l’apport des jeunes a permis de dynamiser le fonctionnement de nos institutions et de réduire considérablement le temps politique.

Il est un peu plus de 20 heures quand je quitte l’extension de notre Maison de Commune qui abrite aujourd’hui les principaux espaces publics partagés, bibliothèque, ludothèque, ateliers techniques et l’un des trois locaux de matériel communautaire ouverts sur notre commune. Sur le chemin vert, l’ancienne rue du Château fermée à la circulation et entièrement réaménagée en îlot de verdure, je salue un groupe de corsiérans qui enfourne joyeusement quelques buches afin d’entretenir pour la nuit le four banal qui fonctionne aujourd’hui toute l’année. On vient de loin, chaque matin, pour y acheter la première fournée de pain frais préparé avec soins par nos deux artisans boulangers communaux.

Le chant des oiseaux dans les arbres me fait lever les yeux et je redécouvre, à chaque fois stupéfait, notre ciel étoilé, plus brillant que jamais depuis que les éclairages publics nocturnes ont été réduits à leur plus stricte utilité. Il n’est pas rare, sur ce chemin pédestre luxuriant qui mène aujourd’hui jusqu’au collège, de croiser des hérissons ou de surprendre un écureuil. L’étude menée récemment à démontrer que l’effort d’implantation de jardins urbains partagés, la végétalisation des bâtiments et la suppression des îlots de chaleur avaient favoriser en quelques années seulement le retour d’une cinquantaine d’espèces animales hier encore menacées.

Demain, j’aurai rendez-vous à la communauté de communes qui gère collectivement le patrimoine historique, écologique, culturel et social commun à toute la riviera. On y validera, pour la cinquième année consécutive l’augmentation substantielle du budget culturel annuel et l’engagement de nouveaux animateurs sociaux, responsables d’organiser la vie des maisons de communes et de quartiers implantées partout au cœur de nos cités, aujourd’hui intimement connectées. Le temps où chacun ignorait tout de son voisin est effectivement révolu et c’est toutes et tous, ensemble, dans un débat social régénéré et permanant, que nous continuons à rêver et à inventer le monde de demain.

Jérôme CHERIX – Conseiller communal