La stratégie cantonale de promotion du vélo horizon 2035 a été approuvée par le Grand Conseil en 2022 [1]. Elle prévoit l’organisation du réseau cyclable en réseau utilitaire structurant, réseau utilitaire complémentaire et réseau de loisir. Pour rappel, avant cette stratégie vélo, la réalisation de mesures favorisant la mobilité cyclable dépendait uniquement des fenêtres d’opportunité, suivant concrètement le calendrier de réfections des tronçons de routes cantonales.

Depuis l’approbation de cette stratégie, un guichet vélo a été constitué et la planification du réseau utilitaire structurant a débuté. La réalisation concrète des premiers tronçons cyclables a été annoncée dans un horizon de cinq ans. Cet état de fait est déjà la source d’une certaine frustration auprès des partisans de la petite reine, mais on peut en comprendre les raisons.

En ce qui concerne le réseau utilitaire complémentaire, la stratégie vélo prévoit une poursuite de ce fonctionnement de réalisation par opportunité (stratégie vélo page 38) : « les liaisons du réseau complémentaire bénéficient d’une politique d’aménagement par opportunité, notamment lors d’interventions d’entretien. Leur équipement est jugé moins prioritaire par rapport au réseau utilitaire. » Dans ma compréhension, moins prioritaire n’est pas égal à pas prioritaire du tout.

Or ce qu’on constate depuis l’adoption de la stratégie vélo, c’est que la DGMR n’entre plus en matière pour la réalisation d’infrastructures cyclables qui ne font pas partie du réseau structurant, notamment les liaisons du réseau complémentaire. Cet arrêt des réalisations par opportunité est préoccupant, car il est illusoire de penser que le réseau structurant suffira à lui seul à répondre aux besoins des cyclistes. Attendre la réalisation du réseau structurant pour planifier le réseau complémentaire, c’est prendre un retard considérable dans l’amélioration de la desserte cyclable. En effet, il est indispensable de pouvoir rejoindre ce réseau structurant et renforcer le maillage partout où c’est possible.

Un exemple récent concerne le tronçon 7RCS entre Chavannes-de-Bogis et Chavannes-des-Bois (23_LEG_111). L’EMPD proposé par le Conseil d’Etat ne propose pas la réalisation d’aménagements cyclables, malgré le fait que les communes voisines du tronçon aient exprimé leurs besoins en ce sens. L’option d’un abaissement de la vitesse n’a pas non plus été évoqué, malgré le fait que, et je cite à nouveau la stratégie vélo, « Lorsqu’un projet d’aménagement cyclable n’est pas possible du fait de difficultés constructives, de son coût ou de pesées d’intérêts lui étant défavorables, une diminution des vitesses de circulation peut être envisagée. »

Dans ce contexte, j’ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

1. Le Conseil d’Etat juge-t-il que le réseau structurant suffira à répondre aux besoins des cyclistes vaudois et répondre aux objectifs de report modal annoncés, notamment d’augmenter à 10% au moins la part modale du vélo en termes de déplacements à l’horizon 2035?

2. Comment et dans quel horizon temporel le Conseil d’Etat prévoit-il le développement des liaisons cyclables du réseau utilitaire complémentaire ? En particulier, comment conçoit-il la réalisation des liaisons complémentaires sur les routes cantonales hors localité ?

3. Le Conseil d’Etat prévoit-il d’intégrer les mobilités actives à la planification des routes cantonales de façon proactive, et si oui comment?

4. Dans le cas où un projet d’aménagement cyclable est jugé impossible notamment pour des raisons de coût, le Conseil d’Etat prévoit-il d’utiliser la possibilité prévue dans la stratégie vélo de réduire la vitesse afin de renforcer la sécurité des utilisatrices et utilisateurs ?

[1] Stratégie cantonale de promotion du vélo – horizon 2035 

Yolanda Müller Chabloz