Intervention du 3 juin 2015 au conseil communal au sujet de Monsanto et de la manifestation du 21 mai 2015
Le samedi 21 mai dernier, Morges et sa grand-rue accueillait ce qui à ma connaissance représente la plus grande manifestation contestataire de son histoire. Ce jour-là, environ 1500 citoyens comme vous est moi, se sont levés et sont sortis pacifiquement pour exprimer leur colère et leur indignation face à une organisation dangereuse pour notre futur. Mais ils sont surtout descendus dans la rue pour affirmer leur solidarité et leur soutien à tous ceux qui souffrent et sont victimes des ravages d’entreprises prédatrices et destructrices comme Monsanto, Syngenta et tant d’autres, issues des dérives du capitalisme et qui tuent irrémédiablement la vie et la nature qui nous entourent.
Je tiens ici à remercier la police qui a accompagné le mouvement avec bienveillance et sourires, en admettant même discrètement pour certains des plus courageux, qu’ils nous soutenaient et que nous avions raison de ne pas rester les bras croisés. Bravo à eux.
C’est que Morges n’était pas seule à laisser place à la prise de conscience du peuple. Dans le monde, c’est plusieurs centaines de milliers de personnes qui se sont jointes à l’événement, dans plus de 430 villes sur tous les continents. Il est évident que depuis 2010, ce mouvement prend chaque année davantage d’ampleur et qu’à n’en pas douter l’édition 2016, sauf si Monsanto décide de partir maintenant qu’ils doivent payer leurs impôts, sera reconduite.
Si c’est le cas, et comme cette année, elle sera encouragée par les verts et les organisations pacifistes, humanitaires, sociales, environnementales et paysannes, pour signifier toujours plus fort à Monsanto et autres fauteurs de troubles planétaires, qu’ils ne sont pas les bienvenues et que les citoyens du monde, eux, ne leur feront pas de cadeau, jamais.
Dans cette perspective, il serait probablement intelligent de la part de la Municipalité de prendre la mesure du message que ses citoyens, hétéroclites et bienveillants, ont adressé. Je m’interroge donc avec surprise lorsque je lis dans le journal de Morges que Monsieur le syndic est quant à lui plus « mesuré » que les manifestants quant à la situation…
La substance de l’article semble indiquer, mais j’espère que notre syndic démentira, qu’il n’y a pas chat à fouetter et que nous ne devrions pas cracher dans la soupe. Il laisse allégrement sous-entendre que le message des indignés est hypocrite car l’on entendrait jamais parler de Philip Morris par exemple.
Incroyables accusations, quand on sait que ces même militants, conscients et concernés par le bien commun, ont pendant de nombreuses années criés leur colère face aux cigarettiers et se sont fait entendre aux travers de pétitions, de contestations, d’initiatives populaire et autres moyens qui ont eu pour résultats de durcir radicalement les lois et ainsi de faire perdre des sommes colossales aux géants du cancer des poumons.
Enfin, et si les propos reportés sont corrects, on pourrait pensez que Monsieur le syndic brouille étrangement les pistes en faisant état de dissensions sur le sujet au sein de la Municipalité, histoire, selon ma lecture, de se distancer de ses membres les plus courageux. Serait-ce pour rassurer les dirigeants de Monsanto qui deviennent quelque peu nerveux de constater qu’un membre d’un groupe qui appelle à manifester contre eux se trouve au sein même de l’organe exécutif ? J’ose espérer que non mais j’avoue qu’un gros doute subsiste.
Par conséquent, la colère allant en augmentant, il serait aujourd’hui judicieux que la municipalité prennent ses responsabilités, en cessant d’invoquer à tout va son impuissance sur le sujet et en cessant de renvoyer inlassablement la patate chaude au canton. D’ailleurs, lorsque l’on demande au canton, ceux-ci nous répondent que la municipalité de Morges ne s’étant pas opposée, la décision avait été prise en faveur d’une exonération fiscale de 10 ans. Comme personne ne semble aujourd’hui capable d’assumer les décisions d’hier, je me permets de vous reposer explicitement la question :
- Avez-vous oui ou non donné un préavis positif pour l’exonération de Monsanto lorsque le canton vous a consulté ?
- Deuxièmement, et puisque même pour des activités de destruction et de terreurs l’argument de la création d’emplois semble tristement pouvoir se justifier, savez-vous combien de postes de travail ont été créés par Monsanto pour la population locale, pas pour des expatriés, pour des citoyens établis ici, et combien de ces postes restent actuellement d’actualité ?
- 3e question : Allez-vous adresser une facture symbolique à Monsanto pour le coût des nettoyages des tristes vérités qui sont maladroitement apparues sur les murs des bâtiments morgiens ?
- 4e question : Avez-vous oui ou non demandé à Monsanto de faire preuve de discrétion lors de leur arrivée comme ces derniers semblent le suggérer ? Et si oui pourquoi ?
- 5e question : Sachant que des images de la manifestation de Morges ont voyagés jusque dans les médias français, chinois, russes, américains et même au-delà, allez-vous étudier les coûts du tort moral infligé par Monsanto à l’image de la Ville ?
- 6e question : 5 mille, 10 mille, 50 mille, 100 mille, de combien de manifestants dans nos rues avez-vous besoin avant de vous convaincre de prendre la responsabilité de faire comprendre à Monsanto que même si légalement ils ont le droit d’être ici, moralement nous ne les accepterons jamais ?
Et pour conclure, je fais le veux que la municipalité fasse à l’avenir preuve d’au moins autant de courage que ceux qui sont sortis dans la rue pour assurer aux générations futurs un monde vivable et accueillant, et que lors de ses rencontres à venir avec les prédateurs que l’on ne connait maintenant que trop bien, elle garde en tête que ce sont des morgiens qui l’ont élue, pas des intérêts américains.