Intervention

Chèr·e·s collègues,

Nous
sommes en ce moment deux à la tribune pour vous parler du plus grand
défi que l’humanité ait connu mais je souhaiterais que nous soyons
TOUTES ET TOUS unis pour y faire face. 

En
ce moment je me tiens devant vous non pas comme conseillère ni comme
Verte, mais comme terrienne, citoyenne, maman, porte-parole du message
scientifique qui nous est communiqué depuis plus de 30 ans, sans que
nous l’entendions vraiment. 

Le sujet dont nous traitons ce soir est apolitique, n’est pas partisan et que vous soyez de droite, de gauche ou du centre, vous vous devez tous de répondre à la question “quel genre de futur vous souhaitez pour vous-même vos amis, votre famille, vos proches?” 

Nous
sommes face à une crise climatique et écologique sans précédent. Si les
rapports du GIEC d’octobre 2018 ou l’extrait du rapport de l’IPBES qui
va être présenté cette fin d’année ne vous sont toujours pas familiers,
j’aimerais brièvement vous parler de deux rapports récents.

Le premier qui est le Global Risk Report du WEF de 2019 donc la matrice que vous voyez qui montre que les risques qui sont les plus probables et qui ont le plus d’impact – carré en haut à droite, sont des risques liés au climat et à la perte de biodiversité.
Dans ce rapport, une des phrases clé est celle-ci “de tous les risques, c’est en relation avec l’environnement que le monde sombrera le plus clairement dans la catastrophe”. 

Un
deuxième rapport récent, une approche par les scénarios (identique au
WEF, donc multiplier la probabilité qu’un événement arrive par son
impact pour donner le risque) appelé “existential climate-related
security risk” dit plusieurs choses essentielles:

1. Historiquement
les scientifiques ont été très prudents dans leur communication, et
nous le voyons maintenant c’est que la réalité dépasse même les
prévisions les plus pessimistes. Comme par exemple les 31°C au cercle
arctique le 13 mai passé. Le réchauffement global et la fonte des glaces
se fait à un rythme beaucoup plus élevé qu’initialement prévu.

2. Pour réduire les risques que nous venons de mentionner et préserver la civilisation humaine, il est essentiel de mettre en place très rapidement un système industriel à zéro émission. Cela nécessite la mobilisation globale de ressources pour faire face à l’urgence.
3. L’institut qui publie cette étude se déclare incapable, en raison de leur ampleur, de modéliser le niveau de destruction lié au changement climatique en 2050 déjà, pour les scénarios les moins optimistes et 2050, c’est demain
Je ne vais pas vous faire l’inventaire des scénarios films d’horreur auxquels nous devrons faire face si nous n’agissons pas ou pas assez vite, mais plutôt vous dire que c’est une opportunité unique d’agir ensemble et de créer un futur beaucoup plus agréable pour nous tous, avec une société inclusive, des villes plus belles propres et résilientes, respectant les limites de la biosphère.

En
effet, la protection du climat et de la biodiversité s’accompagne de
nombreuses aubaines en matière d’emplois locaux, que ce soit dans
l’agriculture, l’industrie locale ou l’artisanat, en particulier
dans le domaine de la réparation. Cela ouvre des perspectives pour
résoudre, au moins en partie, les problèmes de socitété auxquels nous
faisons face et que personne ne peut nier, comme la précarisation de la
population, l’insécurité, les migrations, les pertes d’identité ou les
inégalités.

Un autre extrait du WEF dit  Innovative and collaborative approaches may be needed to ensure that action is taken globally before it is too late
Le but de notre postulat est donc de déclarer l’urgence climatique pour donner enfin à la crise climatique et environnementale l’importance qu’elle doit avoir, c’est à dire une situation de crise qui menace la vie humaine.

Nous
nous joindrons ainsi au mouvement de pays, de Villes, de Etats et
régions qui l’ont fait avant nous et qui couvrent à présent une
population de 70 millions de personnes au niveau mondial. Nous pouvons
citer comme exemples Le Royaume-Uni qui a été le premier pays au monde à
déclarer l’urgence climatique et qui a été suivi par l’Irlande,
l’Ecosse ou, plus près de chez nous, Yverdon, Delémont  le canton de Bâle Ville, du Jura ou le canton de Vaud.

Au
delà du geste hautement symbolique, le but est double: tout d’abord
d’informer, sensibiliser et éduquer la population, les collectivités,
les entreprises et créer une large adhésion pour passer à l’action. En
effet on a beau lire des rapports, ou des informations scientifiques,
rien ne vaut un message clair, transmis par des personnes qui nous sont
proches et auxquelles on peut se relier. 

Dans le cadre de ce premier but se trouve également un rôle d’exemplarité: par notre déclaration d’urgence climatique, nous pouvons inspirer d’autres villes à faire de même et créer un cercle vertueux vers l’action.

Le
2e but de ce geste symbolique est d’accélérer le traitement des objets
en lien direct avec la sauvegarde du climat. La déclaration permettra
ainsi de mettre la priorité sur ces objets, par exemple le plan climat
qui vient de vous être présenté, que nous avons co-signé et que nous
soutenons fortement, pour que le groupe de travail qui se penche dessus
puisse y travailler de toute urgence – soit à la hauteur de l’enjeu
auquel nous faisons face. Nous avons un peu moins de 11 ans pour agir,
pas pour mettre en place un plan mais pour agir concrètement et nous ne
pouvons pas accepter les délais usuels de traitements des objets pour un
enjeu vital tel que celui-ci, 11 ans c’est demain

En
commission il y a évidemment eu des objections telles que le fait que
ceci créerait un précédent pour apporter des sujets en urgence de toutes
parts, comme le harcèlement par exemple. Vous l’aurez compris et j’en
appelle à votre bon sens, qu’il ne s’agit pas du tout du même degré
d’urgence, on parle, encore une fois de la survie de notre société. Une
autre objection était celle qu’il est difficile objectivement de savoir
quels objets sont liés au climat, sur ce point j’en appelle encore une
fois au bon sens et à l’expertise du groupe de travail qui se penchera
sur la mise en place des mesures concrètes pour nous sortir des énergies
fossiles pour déterminer la pertinence ou non de l’urgence.

Je vous rappelle enfin que nous avons une responsabilité morale, en tant que pays riche, d’agir au plus vite et au-delà de ce qui est demandé par le GIEC pour que les pays qui n’ont pas encore accès à l’électricité ou à l’eau courante puissent atteindre un niveau de vie digne. L’urgence n’est donc pas seulement dans notre intérêt de préserver notre climat, nos alpes, nos cultures, mais aussi notre devoir de pays riche.
J’espère que vous l’aurez compris, nous sommes face au plus grand défi de notre espèce et la réponse que vous donnerez ce soir avec votre vote sera déterminante pour assurer un futur à vous ainsi qu’aux personnes que vous aimez.
Sara Gnoni

Références:

Rapport WEF Global Risks Landscape 2019

The year 2018 was another one of storms, fires and floods.19 Of all risks, it is in relation to the environment that the world is most clearly sleepwalking into catastrophe. The Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) bluntly said in October 2018 that we have at most 12 years to make the drastic and unprecedented changes needed to prevent average global temperatures from rising beyond the Paris Agreement’s 1.5oC target. In the United States, the Fourth National Climate Assessment warned in November that without significant reductions in emissions, average global temperatures could rise by 5oC by the end of the century.20 GRPS respondents seem increasingly worried about environmental policy failure: having fallen in the rankings after Paris, “failure of climate-change mitigation and adaptation” jumped back to number two in terms of impact this year. And the most frequently cited risk interconnection was the pairing of “failure of climate-change mitigation and adaptation” and “extreme weather events”. The accelerating pace of biodiversity loss is a particular concern. The Living Planet Index, which tracks more than 4,000 species across the globe, reports a 60% decline in average abundance since 1970.21 Climate change is exacerbating biodiversity loss and the causality goes both ways: many affected ecosystems—such as oceans and forests—are important for absorbing carbon emissions. Increasingly fragile ecosystems also pose risks to societal and economic stability. For example, 200 million people depend on coastal mangrove ecosystems to protect their livelihoods and food security from storm surges and rising sea levels, as discussed in Chapter 5 (Fight or Flight).22 One estimate of the notional economic value of “ecosystem services”—benefits to humans, such as drinking water, pollination or protection against floods—puts it at US$125 trillion per year, around two-thirds higher than global GDP.23

In
the human food chain, loss of biodiversity affects health and socio-
economic development, with implications for well-being, productivity and
even regional security. Micronutrient malnutrition affects as many as 2
billion people. It is typically caused by a lack of access to food of
sufficient variety and quality.24 Nearly half the world’s plant-based
calories are provided by just three crops: rice, wheat and maize.25
Climate change compounds the risks. In 2017, climate-related disasters
caused acute food insecurity for approximately 39 million people across
23 countries.26 Less obviously, increased levels of carbon dioxide in
the atmosphere are affecting the nutritional composition of staples such
as rice and wheat. Research suggests that by 2050 this could lead to
zinc deficiencies for 175 million people, protein deficiencies for 122
million, and loss of dietary iron for 1 billion.