Postulat

Le glyphosate est le désherbant le plus utilisé au monde, car, de par son caractère total, cet herbicide élimine toutes les plantes avec un simple épandage. En Suisse, on le retrouve dans plus de 70 herbicides homologués, ce qui en fait aussi le désherbant le plus vendu de Suisse.
D’après l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), les ventes de glyphosate en Suisse en 2013 seulement sont évaluées à 300 tonnes et elles sont en augmentation. Le glyphosate est utilisé en agriculture, en horticulture, dans les vergers, le long des voies ferrées, pour l’entretien des chemins et par les particuliers. Une étude menée à l’échelle européenne en été 2013 a permis de détecter la présence dans l’urine humaine de résidu de glyphosate, dans des proportions variables selon les pays. Les échantillons prélevés en Suisse contenaient eux aussi des traces de glyphosate. L’émission du 29 septembre 2015 de “A bon entendeur”, a montré́ que dans les urines de 40 romands testés, 37.5% contenaient des résidus de glyphosate entre 0.1-1.55 μg/l. Déjà̀ à ce niveau de concentration infime, le risque de développement d’un cancer est possible.
Ces dernières années déjà, les indices se sont multipliés qui laissent supposer que le glyphosate et certains de ses adjuvants sont 1000 fois plus toxiques[1] qu’on ne l’avait supposé ou admis, que ce soit pour l’environnement (p. ex. contamination des nappes phréatiques), mais aussi pour l’homme et l’animal. La Suisse vante régulièrement sa production de nourriture durable, mais elle peine à reconsidérer l’utilisation de pesticides.
Suite de l’annonce du 20 mars 2015, de requalification du glyphosate par l’OMS, deux distributeurs – Migros et Coop – ont annoncé avoir retiré de leurs rayons les produits contenant du glyphosate. Mais ces produits restent en vente dans d’autres magasins comme Jumbo ou Hornbach ainsi que chez des détaillants. De même, l’usage du glyphosate en agriculture, à des concentrations 100 fois supérieures à celle des produits vendus aux privés, reste extrêmement répandu.
La population suisse, comme celle de Lausanne consomme un dangereux cocktail de pesticides au travers de ce qu’elle mange, de l’air qu’elle respire, de l’eau qu’elle boit. Il faut protéger les humains et les animaux contre tout risque de maladie qui y serait lié. Le glyphosate étant le pesticide le plus utilisé du pays,
Pour finir, des enquêtes ont démontré que les règles de sécurité liées à l’usage de pesticides sont souvent méconnues ou non respectées (utilisation de gants, d’une tenue couvrant la totalité du corps et usage d’un masque filtrant pour la respiration), aussi bien par les particuliers ou les professionnels.
La ville de Lausanne figure comme « commune zéro pesticide » selon une enquête bénévole de Greenpeace. Cela démontre qu’elle a déjà une approche qui va dans le bon sens. Il faut qu’elle le fasse savoir aux habitants et aux autres collectivités publiques et qu’elle continue la démarche dans ses domaines agricoles.
Au vu des constats:

  • le « glyphosate » est la substance chimique la plus utilisée comme herbicide en Suisse,
  • la classification par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 20 mars 2015 de la substance glyphosate dans la catégorie « probablement cancérigène pour l’homme »,
  • le fait que l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) estime que plus de 300 tonnes de glyphosate ont été vendues en Suisse en 2013, en augmentation régulière,
  • le renoncement de certains distributeurs de continuer à vendre des produits contenant du glyphosate à l’intention des particuliers (Migros, Coop),
  • le devoir qu’à la Ville de Lausanne de protéger la santé de ses employés en tant qu’employeur,
  • le devoir qu’à la Ville de Lausanne de protéger sa population, ainsi que de l’informer et de promouvoir des pratiques de précaution à son égard,

le présent postulat demande à la Municipalité:

  • de partager son expérience et compétence sur  l’entretien « zéro pesticide » des parcs et espaces publics de la commune,
  • d’établir un plan d’action et d’information à l’intention des habitants de la commune pour promouvoir activement le jardinage et la culture sans recours aux pesticides et en particulier le renoncement au glyphosate (p.ex. publication régulière d’astuces, collecte des pesticides en stock chez les particuliers pour assurer une élimination correcte, collaboration avec la Fondation suisse pour la pratique environnementale PUSCH, promotion de la Charte des Jardins, promotion de la permaculture)
  • d’établir un plan d’action d’agro-écologie avec et pour les agriculteurs qui gèrent les domaines agricoles intra et extramuros de la commune afin de renoncer au glyphosate et aux pesticides.

Séverine Evéquoz
[1] StopOGM Infos, mars 2016, Sara Gnoni, PanSwissProject : Glyphosate, des conclusions divergentes sur ses effets.