Madame
la Présidente,

il
y a 12 ans jour pour jour, j’étais assermentée au sein de notre
Conseil. Aujourd’hui, c’est avec émotion que je vous remets ma
lettre de démission.

Amoureuse
des institutions politiques, je suis convaincue que les personnes qui
s’y engagent sont des personnes qui contribuent au mieux vivre
ensemble et qui sont au niveau communal mues par la volonté de
participer à la bonne marche de leur lieu de vie.

La
politique, c’est aussi la chose la plus chronophage qui soit !
Car derrière tout ce qui se voit au Conseil, il y a parallèlement
ces échanges, cette vie de parti, ces discussions… Vouloir
rentabiliser le temps investi en politique, c’est comme vouloir
entrer dans du 36 quand on fait du 42 : une mauvaise idée.
Bref, la politique exige de notre part à toutes et tous forcément
un peu de passion.

Et
de la patience ! Ah, la patience… Peut-être du reste que dans
une cinquantaine d’années, on aura une place des Bergières et
qu’on y apposera une plaque “SQUARE de l’enquiquineuse Sophie
Michaud Gigon”, comme reconnaissance à titre posthume (quoique,
50 ans, ça m’a l’air quand même un peu serré
).

En
12 ans, j’ai travaillé pour mon quartier et pour la qualité de
vie dans ma ville, en touchant à tous les domaines : sport,
santé, écoles, pollution de l’air, politique régionale,
logements, économie locale, aménagements extérieurs et lieux de
vie, etc.

J’ai
ainsi eu l’impression qu’on peut finalement faire beaucoup en
faisant preuve de bon sens, en investissant aux bons endroits, en
créant du lien et en partageant l’adage que là où on habite, eh
bien on s’y engage. Quel que soit la forme de l’engagement
finalement.

Nous
avons la chance dans ce Conseil d’avoir affaire à une Municipalité
de grande qualité, et le rythme effréné auquel les astreint la
gestion d’une ville comme Lausanne est coloré par nos
interventions plus ou moins dans la cible, qu’ils accueillent avec
professionnalisme, teinté d’un certain fatalisme face à nos
exigences multiples – mais souvent légitimes, bien sûr. Ce
Conseil joue son rôle et le groupe des Verts n’est pas en reste,
je l’avoue, avec un brin de fierté.

En
quittant le Conseil communal, je quitte donc une famille. J’ai
tissé des liens avec des collègues de tous les partis, de gauche à
droite, et développé même de belles amitiés avec certaines
et certains d’entre vous; ce qui nous a réuni au fil des ans, ce
ne sont pas forcément nos positions politiques mais des valeurs
humaines, un lien affectueux particulier au-delà des attaches
partisanes.

Après
10 ans de lobbying fédéral en faveur de la nature et de
l’environnement, puis en faveur des consommateurs, je poursuis dès
décembre mon travail à Berne en tant que Conseillère nationale,
tout en le combinant avec mon poste à la FRC. Gageons que je ne
pourrai pas – comme dans notre Conseil – y défendre mes projets,
un bonnet de water-polo vissé sur la tête, et que cette liberté me
manquera. Comme vous tous d’ailleurs me manquerez.

Mais
nous nous reverrons, car Lausanne reste ma ville, comme elle est la
vôtre.

Madame
la Présidente, chères et chers collègues, chère Municipalité,
cher Monsieur Tétaz, il ne me reste plus qu’à vous remercier pour
ces 12 années, à vous demander de transmettre mes remerciements à
l’administration communale, et à vous souhaiter de continuer à
mener les affaires de notre ville avec passion et tambour battant.

Sophie Michaud Gigon