Postulat

Le domaine de la Chablière à Lausanne est certes un joyau patrimonial, liant l’histoire de Lausanne à celle des Lumières. Ses valeurs particulières bien que reconnues, sont pourtant altérées par le temps, l’évolution urbanistique et un certain désintérêt porté à ce domaine par les autorités qui en sont pourtant en partie propriétaires.
Ces lieux ont historiquement appartenu, entre autres, à la famille Constant et ont été l’un des berceaux du travail de Rosalie de Constant, le fameux « Herbier peint » conservé au patrimoine cantonal. Certaines espèces, qu’elle avait alors représentées, y croissent toujours, ainsi que d’autres, rares ou menacées.
Plusieurs personnalités remarquables ont séjourné à la Chablière, parmi celles-ci Jean-Jacques Rousseau, Mme de Staël, ou encore Voltaire. Benjamin Constant lui a donné un rayonnement intellectuel particulier.
Les différents bâtiments, parcs ou jardins historiquement rattachés à la Chablière ont été évalués dans le cadre de plusieurs recensements puis des mesures de protection ont été prises en application de la Loi sur la protection de la nature, des monuments et des sites (LPNMS).
L’historique du site veut qu’aujourd’hui la maison de maître de la Vallombreuse 10, l’ancien rural, la maison du fermier et le petit pavillon Rousseau qui s’élève derrière la maison de maître ainsi que les jardins, sont propriété de la ville de Lausanne. La Ville possède des parts (lettres de gage à valoir lors d’une vente ou d’un partage de l’hoirie) dans la maison d’habitation de Vallombreuse 8 et son jardin historique à l’est de celle-ci qui accueille encore aujourd’hui l’herbier vivant susmentionné. Certains de ces monuments, dont le Pavillon Rousseau, sont actuellement en état de décrépitude.
De récentes évolutions de l’ancien domaine de la Chablière, notamment une construction nouvelle en 2012 d’une résidence pour personnes âgées sur la parcelle appartenant à la Fondation de Béthanie, ont amené plusieurs acteurs, dont la propriétaire héritière d’une partie des lieux, à alerter la Municipalité sur les valeurs du domaine et les dommages irréversibles de cette densification; en vain. D’autres travaux en amont du domaine, sur le plateau de la Blécherette, étant bien probablement une cause importante de l’assèchement de sources et de captations d’eau, avaient, en 2011, fait l’objet d’une interpellation de Mme Thérèse de Meuron. Cette interpellation n’avait hélas pas abouti à une action permettant de remédier à cette situation. Les conséquences sont aujourd’hui un assèchement des pentes du domaine de la Chablière qui modifie à jamais la composition et l’équilibre des milieux forestiers présents qui pourtant les stabilisent, et qui menace donc la présence des plantes témoins de l’herbier.
Par ailleurs, il est important de noter que cet écrin de verdure constitue un maillon important sous-réseau forestier du réseau écologique lausannois, accueillant hêtraie et forêt mésophile et permettant de connecter des zones réservoirs de biodiversité. Son rôle est donc important.
Les intérêts historiques, patrimoniaux, architecturaux ainsi que les valeurs naturelles et paysagères des bâtiments, parcs et jardins sis à la Vallombreuse 8 et 10 sont entre les mains de la Municipalité. Le présent postulat a pour but de demander à la Municipalité de réfléchir aux opportunités dont elle dispose pour:
– valoriser le domaine
– préserver et valoriser de façon prioritaire le Pavillon Rousseau
– réhabiliter les captages d’eau permettant de maintenir les valeurs naturelles du site
– se porter acquéreuse de la maison d’habitation de Vallombreuse 8 dans le but d’agir sur l’ensemble
– proposer, dans une forme à définir, un programme culturel et participatif lié à l’apprentissage de la nature, de la lecture et de l’histoire en accord avec les acteurs résidant aujourd’hui sur les lieux.
Séverine Evéquoz
Sophie Michaud Gigon
Léonore Porchet