Projet d’aménagement hydroélectrique sur le Rhône
Intervention (2)
Le groupe des verts
est divisé sur cet objet, comme vous l’a déjà dit ma collègue
Sangra. Une partie minoritaire soutient toutefois ce projet de palier
hydroélectrique, en toute connaissance de cause et avec les
avantages et inconvénients allant avec ce type de projet. Ma
position sera vous l’entendrez positive, mais elle restera
critique, comme il se doit. Je voudrais bien vous promettre d’être
court, mais 100% de ces déclarations dans cette salle s’avèrent a
posteriori trompeuse.
Un peu de
géographie, pour relativiser l’importance de barrage à l’échelle
du Rhône. Ce nouveau barrage est de taille et de production modeste,
par rapport à ses grands frères directs au fil de l’eau sur le
même Rhône que sont la centrale Souste-Chippis, (presque 100 mètres
de chute), et celle de Lavey, bien connue de ce cénacle. C’est que
ce fleuve ne se prête qu’à de très rares endroits à des
aménagements hydroélectriques de taille raisonnable (en terme de
coûts et de production). Ainsi, le palier Massongex-Bex-Rhône qui
fait l’objet du débat de ce soir, est installé à l’un des
derniers endroits aménageables possibles, avec une pente et une
configuration de plaine adéquate. Si la pente est trop faible, hé
bien point d’énergie. Si la plaine est trop large, les
aménagements deviennent pharaoniques (digues, canaux de dérivation,
etc). Vous pouvez vous diriger sur le Rhône en aval de Lyon pour en
avoir une idée. Or à Massongex, la plaine est encore étroite,
serrée à la sortie du défilé de Saint-Maurice. La pente, certes
plus faible qu’ailleurs sur le Rhône, reste suffisante pour
construire cet aménagement.
La sortie du nucléaire implique plusieurs stratégies, combinant
économies d’énergies, développement des nouvelles énergies
renouvelables (solaire, éolien), et maintien du socle de production
hydroélectrique. Ce socle est essentiellement constitué des
centrales à accumulation, mais comporte aussi une composante « au
fil de l’eau ». Or, pour remplacer du nucléaire de ruban, il
faut trouver du renouvelable en ruban, disponible toute la journée.
Le débit du Rhône varie, dans l’année et dans la journée, mais
une centrale au fil de l’eau comme MBR viendrait, à sa hauteur,
contribuer à ce tournant énergétique. 75 GWh, cela ne paraît pas
énorme, mais cela équivaut à la production annuelle d’environ
300’000 m2 de solaire photovoltaïque.
Finalement, l’impact
sur l’environnement est bien sûr présent, comme pour tout projet
d’une taille industrielle. Il faut toutefois remettre l’ampleur
de ce projet, faible, sur le reste du projet Rhone3, qui va de
manière dramatique et positive renforcer les qualités biologiques
du Rhône, sur l’entier de son parcours entre Brig et le Lac Léman.
Dans le cadre de ce projet du siècle (Rhône 3), l’impact de MBR
aura lieu sur un tronçon limité peut donc être considéré comme
acceptable.
Dernier argument
pour voter oui, même avec les réserves exprimées par ma collègue :
La présence de Lausanne dans ce projet paraît essentielle, de par
l’exemplarité de la Ville en matière de responsabilité
environnementale et envers la biodiversité. Sans Lausanne, il y a
fort à parier que les autres acteurs (FMV et Romande Energie) auront
une pesée d’intérêts bien plus orienté vers la production pure.
Il faut donc que les SIL soient partenaires de ce projet, pour
garantir que le projet se passe conformément aux engagements pris
envers les ONG environnementales, et d’un point de vue politique
acceptable.
Pour ces raisons, plusieurs membres du groupe des Verts voteront positivement à ce rapport-préavis, en souhaitant que vous fassiez de même.
Benjamin Rudaz