Métamorphose – Stade de football de La Tuilière – Demande de crédit d’ouvrage

La décision que nous allons prendre ce soir est importante pour le sport lausannois. Comme les Verts ont déjà eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises par le passé, que ce soit lors des discussions sur la refonte du projet Métamorphose en 2012, sur les crédits d’études du stade de la Tuilière en 2014 et 2016 ou sur le Plan partiel d’affectation (PPA) « Tuilière Sud » en 2016, je rappelle d’emblée que nous soutenons la réalisation d’un stade de football à la Tuilière, emplacement cohérent avec le centre de football et ses 9 terrains en cours de construction sur la partie Nord du site.
Notre soutien au stade de la Tuilière a toutefois toujours été conditionné à deux demandes :
1) la réalisation d’une toiture végétalisée ;
2) le renoncement au chauffage de la surface de jeu.
Concernant la première demande, nous relevons à satisfaction que suite à nos diverses interventions, une partie de la toiture de la tribune principale sera végétalisée, même si cette surface parait bien restreinte au regard de l’ensemble des surfaces de toiture disponibles. Le cahier des charges du concours d’architecture ayant omis l’exigence d’une toiture végétalisée, pourtant généralement demandée par la Ville de Lausanne dans l’ensemble de ses projets, le projet retenu ne permet pas la végétalisation de l’ensemble de la toiture, pour des raisons structurelles. Pour les prochains concours, nous attendons donc que l’exigence d’une toiture végétalisée figure systématiquement dans le cahier des charges, afin d’éviter que de telles situations se reproduisent.
Concernant notre seconde demande sur le chauffage de la surface de jeu, nous avons constaté à regrets que le présent préavis n° 2016/68 prévoyait toujours d’équiper le stade d’un système de chauffage du sol, par le chauffage à distance (CAD). Suite à nos précédentes interventions pour dénoncer cette aberration écologique, la Municipalité a toutefois décidé de limiter son usage aux seuls matches (exclusion totale des entrainements), ce qui constituait un premier pas que nous avons pu saluer en commission.
Ce pas n’est toutefois pas suffisant à nos yeux. Alors que l’on parle presque quotidiennement de réchauffement climatique et d’économie d’énergie, et que la Ville de Lausanne s’enorgueillit d’être exemplaire en la matière, elle propose ici de chauffer une pelouse et donc in fine l’air.
Il est pourtant utile de préciser que dans le cas d’un gazon artificiel comme celui qui sera installé à La Tuilière, le chauffage du terrain n’est pas exigé par la Swiss Football League (SFL) (voir « Catalogue SFL pour les stades des catégories «A» et «A-plus» pour le déroulement de matches de Super League et des compétitions de l’UEFA », version du 22 avril 2016).
De plus, il faut relever que le chauffage du terrain tel que projeté est contraire à la Loi cantonale sur l’Energie révisée (LVLEne) et à son Règlement d’application (RLVLEne), qui mentionne à son art. 51 (Chauffage en plein air) que « les chauffages en plein air (terrasses, rampes, chenaux, estrades, terrains de foot, etc.) sont admis s’ils exploitent exclusivement des énergies renouvelables ou des rejets thermiques inutilisables d’une autre manière ». Or, dans le cas présent, il est prévu d’alimenter le chauffage du terrain par le CAD, qui n’est ni 100% renouvelable ni constitué de rejets thermiques inutilisables (CAD 2015 = 57 % d’incinération des déchets de l’usine TRIDEL, 39% de gaz de l’usine Pierre-de-Plan et 4% d’incinération des boues d’épuration). Une dérogation à cette exigence légale sera donc nécessaire.
Bref, alors la surface de jeu synthétique permet de diminuer fortement les risques de gel de la pelouse, le préavis nous propose tout de même un chauffage non exigé par la SFL, contraire aux dispositions de la LVLEne et à toutes les politiques lausannoise en termes énergétique et écologique, et ne servant donc qu’à d’hypothétiques compétitions de l’UEFA.
Dans ces conditions, nous aurions souhaité supprimer purement et simplement ce chauffage de la surface de jeu. Lors des discussions en commission, nous avons toutefois perçu qu’une petite majorité souhaitait à tout prix ce chauffage, non pas pour le plaisir de chauffer, mais pour être certain que le stade puisse être homologué pour les compétitions internationales. Fort de ce constat, nous avons donc proposé un compromis, avec un amendement non pas pour empêcher l’installation du système de chauffage de la pelouse, mais pour en limiter fortement son usage.
L’objectif est alors de n’utiliser le chauffage que lors des compétitions UEFA, les seules qui l’exigent. Cela reviendrait vraisemblablement, étant donné qu’il faut d’une part que le Lausanne-Sport soit encore engagé en compétition UEFA en décembre ou février (pas de match entre début décembre et mi-février) et d’autre part que les conditions météorologiques le nécessitent, à une utilisation du chauffage tous les 15 ans environ (sur la base d’un historique des 30 dernières années), peut-être un peu plus fréquemment si des matchs de l’équipe de Suisse devaient se jouer à cette époque de l’année à la Tuilière.
Imaginant que le chauffage ne peut certainement pas être utilisé tous les 10 à 15 ans sans le faire tourner de temps à autre pour le tester, probablement une fois par année, la commission a pensé que si ce besoin est avéré, il était opportun de combiner ce test avec le déroulement d’un match de Super League les années où il n’y a pas de compétitions UEFA qui le nécessitent, plutôt que de faire fonctionner le système de chauffage pour rien. C’est ainsi que nous sommes arrivés au compromis de la nouvelle conclusion 1a qui vous est soumise ce soir, soit :
« d’autoriser le chauffage de la surface de jeu uniquement pour les compétitions internationales qui le nécessitent, ainsi qu’au maximum pour 1 match de Super League ou de Coupe Suisse par saison, et de charger la Municipalité d’arrêter les modalités d’application de cette décision ».
Les Verts vous recommandent donc d’accepter les différentes conclusions du présent préavis, telles qu’amendées par la commission. Ma collègue Sophie Michaud Gigon interviendra également pour relever encore certains aspects chers aux Verts.
Valéry Beaud
7 mars 2017