Interpellation

En automne, en particulier mais aussi lorsque le gazon est tondu, des engins vrombissent à travers la ville afin de souffler les déchets verts vers un tas commun. Sur terrain privé à Lausanne, nous avons pu observer l’utilisation de souffleuses à essence. La population réagit ironiquement et avec agacement face à cette technique, loin du temps où les feuilles se ramassaient au rateau et à la pelle. Dans le monde, des communes californiennes ont interdit ces souffleuses ainsi que, récemment, Graz, en Autriche. Paris a décrété un moratoire sur leur utilisation. Rien d’aussi absolu en Suisse. L’Office fédéral de l’environnement conseille de vérifier le niveau acoustique de l’engin à l’achat, de ne pas le faire tourner à plein régime, de ne pas l’utiliser durant les heures de repos et de, si possible, coordonner ces travaux avec les voisins. Il n’y a aucune limite en Suisse concernant les décibels produites par une souffleuse, cependant, la SUVA considère qu’aux environs de 100 décibels, le bruit est dangereux pour la santé. C’est justement le bruit que font les souffleuses à essence.
Lausanne a de son côté remplacé en septembre 2013 son parc de souffleuses par des modèles électriques, moins bruyants et moins polluants. C’est une bonne chose. Cependant, même électrique, la souffleuse envoie dans l’air une poussière qui peut y rester durant plusieurs journées. Elle soulève 10 fois plus de particules fines que le font des rateaux – y.c. des parasites et des virus provenant des crottes de chiens et de chats. Les particules fines sont dangereuses pour les allergiques mais aussi pour les personnes avec un système immunitaires fragiles. Quant aux souffleuses à essence, elles sont également dangereuses pour les voies respiratoires puisqu’elles produisent des polluants, comme le benzol qui est cancérigène. Les mesures prises par l’administration cantonale zürichoise révèlent que le taux des substances toxiques produites par une souffleuse pourvue d’un moteur à deux temps est 100 fois plus élevé que le taux de substances produites par une voiture avec catalysateur !
Sur la base de ces observations, nous avons l’avantage de poser les questions suivantes à la Municipalité :

  1. Quelles sont les raisons justifiant l’utilisation de souffleuses plutôt que de techniques mécaniques ?
  2. La Ville a-t-elle évalué/fait évaluer le changement de pratiques en terme d’efficience, donc finalement de rentabilité et d’économie ?
  3. La Municipalité est-elle consciente du danger que représentent les particules fines pour la santé de la population ?
  4. La Municipalité entrevoit-elle des mesures permettant de diminuer, voire de supprimer les souffleuses à essence sur les parcelles privées du territoire lausannois ?
  5. En 2015, une pétition des Verts zürichois relayée par le conseil communal devait demander à la Confédération d’interdire les souffleuses. La Municipalité a-t-elle été approchée pour se joindre à une telle démarche et est-elle au courant d’une décision politique allant dans ce sens ?
  6. Si la Ville souhaite continuer à utiliser des souffleuses électriques, envisage-t-elle de réduire leur utilisation aux heures d’ouverture des commerces ?

Lausanne, le 19 janvier 2017
Sophie Michaud Gigon
Xavier Company