Intervention

Rapport-préavis  et Postulat « L’eau à l’honneur dans la ville et ses espaces publics »


En lieu et place des deux personnes ayant rédigé et déposé ce postulat, nos deux collègues Natacha Litzistorf et Valéry Beaud aujourd’hui assis ce soir face à nous, c’est un honneur de prendre la parole pour donner l’avis du groupe des Verts. Le sujet de ce postulat m’est par ailleurs dans tous les cas également très cher.
Lausanne est une ville d’eau. Bien sûr le lac au sud, ses rivières centrales la Louve, le Flon qui structurent notre centre-ville, et de chaque côté à l’est la Vuachère et (pour les candidats à la naturalisation qui nous écoutent), à l’ouest la Chamberonne. Ces quatre célèbres cours d’eau le sont notamment car elles sont encore, partiellement, à l’air libre, et forment des espaces de verdure, de détente, et des biotopes bien précieux en territoire urbain. Le destin n’a par contre pas souri pour nombre de ruisseaux, naturellement présents là où la topographie et l’hydrogéologie le rendaient possible, puis ensuite là ou l’humain décidait de leur place, entre les vignes, ou entre les vergers. Je vous invite à observer la magnifique maquette du musée historique de Lausanne, ou les archives des cartes topographiques pour retrouver leur emplacement, leurs tracés. La croissance progressive de la Ville les a ensuite fait disparaître en sous-sol, quand ce n’est pas dans un égout, l’eau étant associée à des maladies ou de l’insalubrité. La surface de la ville s’est donc asséchée et étanchéifiée, les ruisseaux, gouilles et autres endroits humides étant relégués à l’oubli collectif. Le lien entre les lausannoises et lausannois avec l’eau vive s’est distendu, même si comme toujours la Nature se rappelle à notre bon souvenir, comme par exemple le 11 juin dernier, ou l’eau a pu brièvement et violemment se balader en surface.
Le présent rapport-préavis est très bien structuré et agréablement illustré, présentant pour chacune des demandes des postulants un état des lieux et des opportunités. Il confirme notamment le potentiel de remise à ciel ouvert et de renaturation de certains cours d’eau et pour d’autres d’aménagements permettant de mettre en scène l’eau dans l’espace public. Il y aura les opportunités offertes par les requalifications d’espaces publics majeurs comme les places du Tunnel, de la Riponne ou Centrale sur les tracés du Flon et de la Louve, mais également au travers de la Vallée de la Jeunesse. L’aménagement d’un ruisseau à cet endroit étant l’un des coups de cœur des postulants, nous sommes heureux de le voir partagé par la Municipalité, qui évoque de belles intentions qualitatives pour cet espace, avec aussi la création de biotopes humides permettant de renforcer le réseau écologique. En cela, ce rapport-préavis rejoint idéalement celui sur la nature en ville que ce conseil a approuvé en décembre.
Outre des avantages humains, ces aménagements permettent d’alléger le ruissellement, en surface et dans les égouts, en rendant au sol et au sous-sol ce qui devrait lui revenir, sans bitume ni béton. S’ils sont bien réalisés, ces aménagements permettent également à des espèces végétales et animales de reprendre pied là où l’urbanisme les avait faites disparaître. Il y a beaucoup de travail, notamment dans les quartiers habités, mais les pistes évoquées dans ce rapport-préavis méritent d’être concrétisées avec volontarisme.
Finalement, là où la Ville n’a pas encore totalement pris pied, dans les futurs quartiers qui sortiront de terre, il sera possible désormais, suivant la stratégie annoncée comme deuxième conclusion de ce rapport-préavis, de ne pas répéter les erreurs du passé, en prévoyant dès le départ une place pour l’eau. Les Verts seront également particulièrement attentifs à la transcription de ces enjeux importants dans la révision du Plan général d’affectation (PGA).
Le groupe des Verts se réjouit du retour de l’eau dans une Ville qui a toujours été façonnée par elle, et vous invite, comme il le fera à l’unanimité, à approuver les deux conclusions de ce rapport-préavis.
Benjamin Rudaz