Rapport-préavis 2014/72
La commission permanente de politique régionale (CPPR) inspire une première image : les montagnes russes. Avec ses hauts et ses bas, la CPPR connaît aujourd’hui un moment important de son histoire : le rapport-préavis sur les intentions de la Municipalité en matière de politique régionale. Les Verts vont soutenir la Municipalité principalement parce qu’elle pose les bases nécessaires pour « la suite des opérations » en matière de « politique régionale ».
Un avis général : ce préavis nous a « déçu en bien »
De façon générale et très vaudoise, nous pourrions dire que nous sommes plusieurs à avoir été « déçus en bien » par ce rapport-préavis : bien équilibré entre une approche académique et une approche pragmatique, entre le diagnostic et le prospectif, décrivant bien les mécanismes financiers à l’œuvre et finalement décrivant les intentions de la Municipalité. Ce rapport-préavis décrit très bien l’expérience de celles et ceux à Lausanne qui ont construit la politique régionale et démontre que la chose n’est pas simple : elle demande parfois de faire du contorsionniste institutionnel, nécessite force et douceur tout comme fermeté et souplesse. Pour Lausanne, il faut savoir porter l’habit de ville-centre sans arrogance et sans créer un sentiment d’écrasement à l’égard des communes plus petites… Bref, parfois la posture relève de la cadrature du cercle.
Nous avons passé en revue de manière critique, mais constructive, plusieurs éléments de cette politique régionale. Mais avant d’aller plus loin sur ce terrain, nous nous devons de saluer le travail accompli jusqu’à ce jour.
Quatre points forts pour les Verts
Comme évoqué en préambule, les Verts soutiennent ce rapport-préavis. Nous n’énumérerons pas tous les éléments qui en font la force, mais nous nous concentrerons sur quatre points qui en font « la substantifique moelle » et qui sont à la fois le cœur notre action politique verte.
1. Lausanne, le cœur d’agglomération
Un domaine encore en chantier, et c’est bien normal, retient particulièrement notre attention : celui de la gouvernance au sein du Projet d’agglomération Lausanne- Morges (PALM). Dans le cadre d’une vision de long terme, nous serions favorables à des structures de collaboration plus fortes. En effet, les défis qui nous attendent vont toucher de plus en plus de politiques publiques nécessitant ainsi une organisation plus contraignante.
2. Une plus grande implication des organes législatifs pour le PALM
Les Verts ont été très actifs sur ce front pendant toute cette législature et entendent continuer à l’être lors de la prochaine. Dans notre vision, nous souhaitons renforcer le positionnement de la CPPR, le dialogue et le partage d’expérience entre les législatifs du PALM et arriver à la conception de préavis intercommunaux.
3. Lausanne, une ville-centre du canton
Les Verts souhaitent des mécanismes de financement régionaux et surtout une meilleure répartition des charges entre Canton et communes, notamment les charges de ville-centre comme Lausanne.
4. Lausanne, un pôle de la Métropole lémanique
Le rapport-préavis  mentionne à juste titre que Lausanne ne fait pas partie formellement de la Métropole lémanique (formée par le deux cantons de Vaud et Genève) et présente l’intention de la Municipalité d’y prendre part, je cite, « le moment venu ». A nos yeux, le moment est venu : positionner Lausanne (positionner les villes) comme un pôle fort de la Métropole lémanique est aujourd’hui un impératif. S’il fallait citer seulement deux raisons : la population vit déjà la Métropole comme une réalité quotidienne et un lobbying lémanique (qui positionne les villes aussi) auprès de la Confédération est essentiel. Comme l’a évoqué notre Syndic à plusieurs reprises : « l’intérêt commun est souvent motivé par l’argent ». Même s’il est vrai, par exemple, que la création des agglomérations a notamment été motivée par la perspective de cofinancements fédéraux, il n’en demeure pas moins qu’un vent nouveau, qui va au-delà de considérations financières, souffle sur les agglomérations.
Pour ma part, j’appartiens à cette génération d’élus qui souhaite dépasser cette vision économique (nécessaire mais pas suffisante) et œuvrer pour que cette Métropole lémanique prenne corps grâce à une vision plus large, intégrant des dimensions environnementales et sociales fortes. Et je me permets de rendre hommage ici à mon ancien professeur Pierre-Alain Rumley (qui dirigé l’Office fédéral du développement territorial de 2000 à 2010) qui m’a insufflé cette vision. Il m’a également enseigné que pour ce faire, il conviendrait que les élus, de tous les niveaux institutionnels, fassent vivre cette Métropole lémanique dans leur tête pour qu’elle devienne une réalité politique. Bref, le moment est venu de donner un supplément d’âme à la Métropole lémanique et d’établir « une sorte de Realpolitik Métropolitaine lémanique » où les villes auraient leurs places. Mais je sais que le changement de culture, en terme de gouvernance, prend du temps, comme tout changement.
Pour résumer, cette politique régionale, il faut y croire pour la faire et il faut la faire pour y croire.
Natacha Litzistorf 19 janvier 2016.