Depuis le début de l’année, nous sommes témoins d’événements dont nous n’avions probablement même pas idée pour la majorité d’entre nous. Jour après jour, nous apprenons à adapter nos vies et ce qui nous semblait impensable devient nécessaire. Dans la foulée, ce qui nous paraissait inimaginable hier devient une nécessité aujourd’hui : ce 1er mai, nous ne serons pas dans la rue !
Mais cette absence dans les rues n’est clairement pas synonyme d’absence de revendications. Bien loin s’en faut. Au contraire, la crise que nous vivons actuellement prouve la fragilité de notre système et son incapacité à protéger les faibles d’entre nous. Elle prouve, une fois de plus, que ce sont celles et ceux qui sont depuis toujours les plus précarisés qui se retrouvent au front pour assurer que notre société ne s’effondre pas totalement. Elle prouve que l’impunité avec laquelle la nature est traitée ne peut rester indéfiniment sans conséquence pour l’être humain.
Il est plus que nécessaire que la crise que nous traversons, toutes et tous, nous permette de repenser le monde de demain pour toutes et tous.
Ces dernières semaines nous ont montré combien nous sommes dépendants des personnes dont le rôle n’est toujours pas considéré à sa juste valeur. En plus des équipes de soins, et notamment le personnel infirmier, tant de professions sont au front : dans les magasins de première nécessité, les administrations, les services de distribution postale, le monde agricole… Tant de personnes qui ont dû faire preuve de courage et d’abnégation pour se montrer à la hauteur de leurs responsabilités.
Bien que venant d’horizons divers, ces professions ont toutes un point en commun : elles ont toutes été bafouées, méprisées et mal considérées depuis de (trop) nombreuses années.
Il faut également souligner que, dans beaucoup de ces professions, les femmes sont très nombreuses. Cette période a aussi mis en évidence l’importance des activités des femmes au sein des familles. Nous répétons aujourd’hui la nécessité de pouvoir concilier vie professionnelle et vie privée, notamment par l’encouragement du télétravail, de mieux répartir les tâches de soin et d’enfin les valoriser économiquement.
Ceci nous montre, malheureusement une fois encore, que toutes les revendications de ces indispensables actrices et acteurs de la société ne sont toujours pas entendues… Bien au contraire, les milieux économiques exercent d’intolérables pressions sur tous les fronts pour que l’activité reprenne à la « normale », tout en étant conscients des risques qu’ils/elles font courir à leurs équipes.
Chaque année, nous devons descendre dans la rue, le premier jour du mois de mai, pour, ensemble, exprimer notre ras-le-bol de cette injustice sociale et de ce manque de solidarité. Même si, sur certains fronts, des avancées ont pu être constatées, nous sommes très loin de voir réalisées nos revendications répétées, années après années. Nous ne nous contentons pas des promesses des milieux économiques.
Nous voulons croire que la crise actuelle nous permettra de lancer un mouvement nouveau et de vivre dans un monde où une meilleure justice sociale, une meilleure considération et une meilleure répartition des ressources sont possibles.
Les nombreuses et émouvantes preuves de solidarité qui ont éclos partout dans notre pays doivent d’autant plus nous encourager à nous unir pour faire front commun.
Donc, si cette année, ça ne sera pas dans la rue que nous donnerons de la voix, nous serons toutes et tous à nos fenêtres et nos balcons pour « notre santé avant leur profit »!
Pour le bien de tous les êtres vivants, pour celui de notre planète, pour celui des générations futures, rejoignez-nous, dès 15h00, avec ou sans banderole, mais avec votre volonté et votre enthousiasme !
Keko Razzano