Postulat H. Buclin et V. Beaud « Pour une réduction conséquente des nuisances sonores provoquées par l’aéroport de la Blécherette et des dangers relatifs au trafic aérien en zone urbaine »

Intervention

En tant que co-postulant, je me dois tout d’abord de rappeler ici quelques éléments de contexte, le dépôt de notre postulat remontant au 7 juin 2016, il y a plus d’une année et demi.
Le 5 décembre 2013, une pétition munie de 450 signatures a été déposée par l’Association de défense des riverains de la Blécherette (ADRB), demandant que des mesures soient prises pour atténuer les nuisances sonores et améliorer la sécurité de l’aéroport de la Blécherette. Elle a été renvoyée à la Municipalité pour étude et rapport-préavis.
En 2014, Monsieur Buclin et moi-même avons chacun déposé une interpellation, afin d’obtenir différentes informations complémentaires sur l’aéroport et son exploitation. Nous avons par exemple appris les choses suivantes :
le droit distinct et permanent de superficie (DDP) de 192’296 m2 ne rapporte qu’environ Fr. 60’000.- de redevance par année à la Ville de Lausanne, soit environ 30 centimes par m2, un prix par exemple largement inférieur à ce que doivent payer les usagers des jardins familiaux pour leurs terrains ;
sur 920 avions immatriculés auprès de la Blécherette, seuls 3% des propriétaires sont domiciliés à Lausanne ;
36 % des mouvements d’avions sont de l’écolage, soit des vols d’avions écoles (données 2014) ;
entre 2006 et 2014, les décollages vers le Sud, soit en direction de la Ville, ont augmenté de 117 % (ADRB) ; alors que le cadastre du bruit de l’aéroport prévoyait 37% de décollages vers le Sud et 63% vers le Nord, 57% des décollages ont été effectués vers le Sud en 2014 (ADRB) ;
enfin, entre 2009 et 2014, le nombre de mouvements d’hélicoptères a augmenté de 52%, alors même que le nombre de vols liés au sauvetage diminuait légèrement durant cette même période.
En résumé, alors que le terrain est mis généreusement à disposition par la Ville de Lausanne et que seule une infime partie des utilisateurs paient des impôts à Lausanne, ce sont essentiellement les lausannoises et les lausannois qui subissent les nuisances de l’aéroport, la situation s’étant par ailleurs passablement détériorée ces dernières années. Alors que les communes du Nord lausannois ont défendus leurs intérêts, nos autorités ont jusqu’au début de cette législature simplement laissés faire, sans réagir.
C’est dans ce contexte que lorsque nous avions découverts le rapport-préavis n° 2016/38 censé répondre à la pétition de l’ADRB, M. Buclin et moi avons décidé de déposer le présent postulat, car nous étions totalement insatisfaits de la réponse municipale… qui n’apportait en fait aucun élément de réponse. Ce rapport-préavis a d’ailleurs été balayé par la commission, incitant ensuite la nouvelle Municipalité à le retirer. Il ne nous reste donc ce soir plus qu’à nous prononcer sur notre postulat.
Concernant celui-ci, j’aimerais tout d’abord préciser que je n’ai rien contre l’existence même de l’aéroport de la Blécherette aujourd’hui. Ayant grandi avec sa présence, j’éprouve même une certaine sympathie pour ces petits avions, mais comme beaucoup, leur bruit m’énerve parfois profondément. La question de l’avenir à long terme de l’aéroport ne se pose d’ailleurs pas maintenant, elle se posera en 2036, à la fin de la concession de l’exploitation, alors qu’il y aura également 12’500 habitants et emplois de plus à proximité immédiate, aux Plaines-du-Loup. D’ici là, nous devons trouver un moyen de mieux cohabiter avec cet aéroport, car la population qui se trouve dans l’axe des décollages en direction de la Ville n’en peut plus. Et ce n’est pas seulement les quartiers de Pierrefleur et de Boisy qui sont concernés, mais des milliers de Lausannoises et Lausannois, aussi à Valency, Prélaz, Tour-Grise, Montelly, etc. Des habitants de ces quartiers se plaignent régulièrement, ne pouvant simplement pas être sur leur balcon ou vivre les fenêtres ouvertes lors des belles journées d’été. Il est donc important de préserver des moments de calme pour ces habitants, afin de préserver leur santé et leur qualité de vie.
L’objectif de notre postulat est donc d’étudier différentes pistes pour réduire les nuisances sonores de l’aéroport de la Blécherette et améliorer la sécurité des habitants, en collaboration avec les acteurs concernés, notamment l’Aéroport de la région Lausanne-Blécherette SA (ARLB) et l’Association de défense des riverains de la Blécherette (ADRB). Nous attendons notamment une réduction importante des décollages en direction de la Ville dès cette année, d’autres propositions de mesures étant décrites dans le texte du postulat.
Nous vous invitons donc à suivre l’avis de la commission et à renvoyer ce postulat à la Municipalité.
Valéry Beaud