Intervention

Je constate un changement de paradigme intéressant du PLR : Jusqu’à très récemment, c’était une opposition systématique contre toute suppression de places de parc en voirie et une opposition systématique à la piétonisation des rues. Maintenant, vous déposez une nouvelle proposition de transformer le centre-ville (à l’intérieur de la petite ceinture, avec quelques extensions) en zone piétonne, avec des aménagements pour les cyclistes. C’est bien ce que nous demandons aussi, depuis des années.
Le postulat de M. de Haller a le mérite de lancer un débat sur la mobilité en ville et la hiérarchisation du réseau routier. Par contre, à la lecture attentive du texte, on se rend vite compte que le postulat est en réalité un leurre !
Le postulat demande trois choses :

  • Définir un plan de hiérarchisation plus importante des routes sur le territoire communal qui favorise trois axes d’interfaces avec le réseau routier national. En gros, il s’agit de pénétrantes routières élargies depuis la Bourdonnette, Vennes et Perraudettaz. On se croirait dans les années 1980…
  • Maintenir le rôle fonctionnel de la petite ceinture, avec une vitesse de circulation qui reste à 50 km/h.
  • Prévoir des extensions ciblées de la zone piétonne dans et aux environs de la petite ceinture, en lien avec le réseau de transports publics et le réseau de voies cyclables.

Nous soutenons bien sûr sans réserve l’idée d’une piétonisation générale du centre-ville, et qui irait même plus loin que la proposition du PLR. La formulation de la proposition dans le postulat va en effet moins loin qu’une piétonisation générale (« extensions ciblées »), contrairement à ce que laisse entendre l’article paru dans 24 Heures.
Concernant les interfaces entre les réseaux supérieur (autoroutes) et inférieur (routes sur domaine communal), notre vision est bien celle que l’interface devrait se situer à l’extérieur de la ville, où les automobilistes laissent la voiture en périphérie pour se rendre au centre-ville en transport public. C’est bien pour cette raison que le m2 a été créé, et que le m3, le t1 et les Bus à haut niveau de service (BHNS) seront créés.
Le PLR essaie de conditionner son soutien à d’éventuelles nouvelles zones piétonnes à l’agrandissement des pénétrantes urbaines et à la non-réduction de la vitesse sur ces tronçons. Et encore, ce soutien aux zones piétonnes est moyennement crédible, vu que le PLR s’est opposé massivement à toute proposition récente de piétonisation de certaines rues. Par exemple, s’il y a bien une rue qui se prête particulièrement à la piétonisation, c’est la rue Marterey.
Les deux premières demandes du postulat sont contraires au projet de PDCom. Elles sont surtout aussi contraires à la vision politique des Vert-e-s sur la mobilité, et donc à refuser.
Le « renforcement des voies pénétrantes permettant une desserte efficace du centre-ville en voiture » serait une aberration. Nous n’avons pas de problème de manque d’accessibilité du centre-ville à Lausanne aujourd’hui, bien au contraire ! Le centre-ville de Lausanne est aujourd’hui extrêmement bien accessible en transports individuels motorisés, et c’est bien l’une des raisons principales pour lesquelles le taux de motorisation est encore à ce point élevé en comparaison avec toutes les autres grandes villes en Suisse.
L’idée de faire de la petite ceinture un périphérique urbain à 50 km/h va à l’encontre de ce qui se fait aujourd’hui. Nous visons, à terme, plutôt un 30 km/h généralisé, et nous n’allons en conséquence en aucun cas soutenir une telle proposition.
L’espace restant sur les routes est une ressource rare qu’il s’agit de réaffecter aux transports publics, aux pistes cyclables, séparées de la route, voire à de véritables autoroutes cyclables larges de deux mètres comme ça se fait à Berne et dans d’autres villes en Suisse allemande, à l’agrandissement ponctuel des trottoirs, et surtout à l’aménagement d’espaces publics de qualité, à la verdure, à l’arborisation…
En conclusion, le groupe des Vert-e-s va refuser à l’unanimité le postulat du PLR. Il vous propose de faire de même, en toute transparence, à travers un vote nominal.
Daniel Dubas